Malgré des intentions de vote encourageantes à Bruxelles, les libéraux restent à un étiage bas en Belgique francophone, tandis que les équilibres gauche-droite demeurent inchangés. 

« Percée fulgurante », « carton »…  Si les performances bruxelloises du Mouvement Réformateur (MR) dans le dernier baromètre électoral Kantar/RTBF/La Libre témoignent d’une réelle dynamique, justifient-elles autant de superlatifs de la part des commentateurs politiques ? 

Des intentions de vote dans la moyenne basse

Si l’on en croit les projections du CRISP, le MR obtiendrait 14 sièges à la Chambre, comme il y a cinq ans, soit le pire résultat de l’histoire du parti. Difficile, dès lors, de parler d’une dynamique globalement favorable, quelles qu’aient été les contorsions auxquelles s’est livré, au soir du 26 mai 2019, son chef de file Charles Michel pour présenter cette débâcle en triomphe. 

Le MR obtiendrait 14 sièges à la Chambre, comme il y a cinq ans, soit le pire résultat de l’histoire du parti.

Même en Région bruxelloise, la bonne tenue des libéraux doit être nuancée. Si l’enquête Kantar prédit 21 sièges au MR (+8) sur les 72 que compte le collège francophone du parlement régional, ce résultat se situe dans la moyenne basse de ceux obtenus depuis 30 ans (en cartel, il est vrai, avec Défi jusqu’en 2010). Du reste, cette percée est prioritairement due à l’effondrement de Défi, et au report de plus d’un quart des électeurs amarante de 2019 vers son ancien partenaire. En revanche, l’ensemble des sièges occupés par la gauche (PS, PTB, Ecolo), reste globalement stable (-2 sièges).

Un miroir déformant

En plus des précautions nécessaires s’agissant de tout sondage, il faut donc se garder spécifiquement de toute surinterprétation de cette enquête. Si le statut de parti d’opposition de longue date du MR à Bruxelles lui permet de bénéficier du sentiment d’insatisfaction générale de la population bruxelloise, l’idée d’un glissement à droite, en particulier, doit être sérieusement nuancée. La thématique sécuritaire semble certes gagner du terrain dans les préoccupations des électeurs de la capitale. Mais elle n’arrive qu’en troisième position, derrière les soins de santé et le pouvoir d’achat. En outre, les équilibres parlementaires entre droite et gauche resteraient globalement inchangés, au léger avantage de la seconde. 

Plus que jamais, le véritable problème de la gauche belge francophone est donc sa division et, surtout, son incapacité à gouverner ensemble, qui pourrait offrir à la droite un pouvoir d’influence sans commune mesure avec son poids réel.

Source image : La Une RTBF – CRISP