Politique
Copernic
06.09.2010
Ce projet a été fixé à Lisbonne en 2000. Son objectif affirmé est de « faire de l’Europe la société la plus compétitive du monde« , et donc de battre les États-Unis, le Japon, la Chine, les pays émergents… dans la bataille de tous contre tous. Pour y arriver, il faut libérer la concurrence fiscale à l’intérieur de l’Union européenne afin de pouvoir récompenser les économies les plus performantes. Certaines régions « riches » espèrent ici tirer leur épingle du jeu. Mais c’est un calcul à courte vue dont les populations feront les frais. Car quel est l’objectif de la droite flamande quand elle réclame l’autonomie fiscale et la maîtrise de son marché du travail ? Conquérir de nouveaux marchés au détriment de ses voisins en comprimant ses coûts et en défiscalisant les profits ? Inefficace : tous les États feront pareil. Quand plusieurs États se seront livrés à cet exercice de dumping fiscal et social, un nouvel équilibre européen interviendra pour entériner le nouveau rapport de forces dégradé entre capital et travail. Une Flandre libérée du (contre)poids francophone pourra jouer à plein dans cette partie. Dans le concert européen, le maintien en Wallonie et à Bruxelles d’un centre de gravité politique au centre-gauche fait désormais figure d’exception. Comment conserver voire consolider cette position fragile ? Il faudra assurément pouvoir engager ces deux Régions dans une transition économique qui échappe, au moins en partie, au règne de la « concurrence libre et non faussée » et qui puisse enrayer la spirale productiviste suicidaire sans dégâts sociaux. Mais il y a aussi une opportunité à saisir dans la conjoncture institutionnelle. Si on fait l’hypothèse que la réforme annoncée évacuera en majeure partie le niveau fédéral du contentieux communautaire, alors il n’y a plus de raison majeure pour maintenir au Parlement fédéral des groupes linguistiques séparés au sein des mêmes familles politiques Et si on prend au sérieux le crédo régionaliste des partis de l’Olivier et de la gauche flamande, ceci vaut aussi pour la Région bruxelloise où le clivage communautaire est une insulte au bon sens. Ce que les écologistes ont réalisé, les socialistes devraient aussi pouvoir le faire. Ce qui permettrait de désenclaver la gauche politique et associative flamande et de raccommoder des solidarités qu’on n’aurait jamais dû laisser s’étioler. Utopie ? Mais pourquoi ce qui est possible au Parlement européen serait-il impossible à plus petite échelle ? Copernic, à l’aide… 23 août 2010 Retrouvez Henri Goldman sur les blogs de Politique : http://blogs.revuepolitique.be