Politique
Victor Orban ou le gilet de sauvetage du cdH
05.03.2019
Tout d’abord, quelle ne fut pas la surprise de tou-te-s les observateurs-trices politiques que de voir que la présence du Fidesz d’Orban n’a, jusque là, jamais dérangé les humanistes alors que ce dernier axe sa communication et sa pratique politiques sur des poncifs racistes et xénophobes – la campagne antisémite contre Georges Soros et l’autorisation de l’armée à tirer sur les migrant-e-s – depuis quelques années déjà.
D’un point de vue européen, cette éventuelle décision d’exclusion va avoir des conséquences importantes dans la recomposition de la droite en Europe. Jusqu’ici, le CDU Allemand d’Angela Merkel, en étant le parti fort de la famille conservatrice européenne, a toujours soutenu et appuyé l’idée de maintenir le Fidesz dans le PPE dans l’unique but de ne pas accroître le poids des groupes d’extrême droite au parlement européen. Et dans une posture digne d’un « en même temps » macroniste, ce maintien du parti hongrois d’extrême droite dans le PPE fut aussi un signal clair pour empêcher l’électorat anti-immigration de la CDU de franchir le pas de voter pour l’AfD (l’Alternativ für Deutschland).
Si jamais la droite européenne décide d’exclure Victor Orban, ce n’est en aucun par prise de conscience démocratique et antifasciste. C’est en très grande partie pour des raisons stratégiques ayant pour but d’éviter qu’un groupe centriste voit le jour au Parlement européen, un groupe qui pourrait devenir le premier groupe si jamais Macron joue bien ses cartes et arrive à vider le PPE de sa substance en ralliant quelques partis conservateurs européens.
Il y a certes beaucoup de chances qu’Orban rejoigne le PiS polonais dans le groupe européen ECR mais une alliance avec le groupe ENF qui rassemble des partis comme le Rassemblement National de Marine Le Pen et la Lega italienne de Salvini demeure tout à fait possible.
Cela nous permet de comprendre comment le CdH, à défaut de savoir se positionner clairement sur les enjeux environnementaux et sociaux, essaie maladroitement de concentrer l’attention médiatique dans les colonnes de La Libre en capitalisant, par opportunisme, sur une crise stratégique du premier groupe politique européen au parlement qui non seulement le dépasse amplement mais sur lequel il n’aura probablement pas grand chose à dire.