Politique
Un scrutin illisible ?
04.11.2012
En 2009, à la veille d’élections régionales, nous écrivions à ce propos : « Nous ne sous-estimons pas cette question. Mais pas au point d’inverser les priorités. À l’heure d’une crise majeure du capitalisme combinée avec une crise environnementale sans précédent, l’action politique progressiste doit principalement s’attacher à mettre en œuvre le développement durable dans son acception complète, c’est-à-dire à “répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs, en portant une attention particulière aux besoins essentiels des plus démunis[1.Selon la définition classique du développement durable de Gro Harlem Brundtland, ancienne Premier ministre socialdémocrate de Norvège (1987) ”.]. Nous insistons sur ce dernier volet, car c’est bien là que le clivage gauche-droite, évacué par la porte, revient par la fenêtre. Il implique, notamment, une certaine conception des services publics et de la fiscalité »[2.Henri Goldman et Hugues Le Paige, « L’Olivier, version 2 », Le Soir, 10/6/2009.]. C’est également vrai dans les communes, surtout celles des grandes villes, qui disposent de nombreux leviers pour agir dans ce sens. Y a-t-on songé au moment de conclure des alliances ? Ce n’est pas ce qui apparaît. Malgré ce brouillage généralisé, deux leçons fortes émergent de cette élection. La première vient d’Anvers et, plus largement, de Flandre. Là-bas, tout le monde a bien compris le contexte politique qui surdéterminait le scrutin communal. L’impact de la N-VA qui triomphe tient précisément à la vision forte que ce parti porte et qui tranche avec le centrisme mou devenu le fond commun des formations politiques traditionnelles. Cette vision combine un « nationalisme de riches » avec un credo libéral-européen classique. En face, le gouvernement fédéral dirigé par le premier des Wallons donne tous les gages possibles à la Flandre pour faire cesser le chantage à la sécession. Peine perdue. Le 14 octobre, les partis flamands qui auraient dû se redresser à partir de leur participation au gouvernement Di Rupo ont pris le bouillon. Le compromis « gauche-droite » de ce gouvernement, dont le volet antisocial n’est pas mince, n’aura pas coupé l’élan du nouveau maître d’Anvers. Mais, ce faisant, le PS a poussé au-delà de ses limites habituelles l’exercice du grand écart entre le discours et la pratique. Il a ainsi ouvert l’espace où une nouvelle gauche protestataire s’est engouffrée. Jusqu’à aujourd’hui, l’ancrage populaire du PS[3.Voir Politique, n°62 (décembre 2009) : « PS : un parti populaire en Wallonie ».] avait su empêcher toute émergence sur sa gauche, tandis qu’Écolo perdait peu à peu son potentiel subversif. Ce temps est terminé. La percée remarquable du PTB dans toutes les métropoles du pays[4.Sans oublier celle, stimulante, de la liste Vega à la Ville de Liège.] change la donne à gauche en offrant notamment un débouché à une grogne syndicale et associative qui n’en finissait pas de se cogner aux murs de l’austérité imposée. C’est un premier avertissement. Ceux à qui il s’adresse l’entendront-ils ?