Politique
Transferts Nord-Sud
10.02.2005
Depuis une vingtaine d’années, dans les cas de catastrophes, naturelles ou non, c’est devenu un «must»: un disque, un concert, une grande émission de télévision, tout cela pour rentrer un maximum de sous au bénéfice des populations en détresse. Le tsunami du 26 décembre 2004 n’a pas fait exception: et pour ce qui concerne la Belgique, la solidarité télévisée a rapporté plus de 40 millions d’euros. Cela paraît énorme, mais c’est tout de même à comparer aux millions versés annuellement par ces mêmes chaînes télé pour la retransmission des droits de foot… (600 millions pour Canal~+ en France, pour donner une idée). La soirée était fédérale, mais on sait que Flamands et francophones ont équitablement réparti leurs dons… en termes de population en tout cas, pas de revenus. On ne peut pas à la fois «transférer» les richesses vers la Wallonie et l’Asie, sans doute… Les Flamands sont chatouilleux sur le sujet car leurs médias ont beaucoup insisté sur leur «retard» par rapport aux Hollandais, qui ont pourtant une solide réputation de pingrerie. En ce qui concerne les CD, la différence peut faire sourire. Si côté francophone on vend un CD complet, côté flamand, c’est un single… Mais foin de sarcasmes : le single flamand est un original enregistré pour l’occasion tandis que côté francophone, on a repris un CD français où une série d’artistes (tous de la firme qui distribue le CD…) ont «offert» un titre. Une opération qui ressemble furieusement à la promotion d’une écurie-maison… Un single bien «belge» avec des artistes du cru ne sort qu’en février. On a l’air d’ironiser sur un sujet grave, mais on peut rappeler à tous ceux qui veulent aider les populations d’Asie qu’ils peuvent aussi simplement verser de l’argent sur les comptes des ONG sans rien attendre en échange, ni spectacle, ni disque, ni médaille — rien sinon un peu de baume sur leur conscience d’Occidental exploiteur du Tiers-Monde… et une réduction d’impôts.