Politique
Remous autour de l’école active
12.09.2011
Les étapes
Le but était d’ouvrir une école en septembre 2011. Les contacts suivis avec les partenaires du gouvernement de la Communauté française ont donc débouché sur un accord le 27 janvier 2011. Quelques extraits du communiqué du gouvernement sont éclairants : « Le gouvernement a marqué un accord de principe moyennant le respect de la gratuité de l’enseignement et de l’ensemble des règles et décrets en vigueur en Communauté française, parmi lesquels le système de certification, les socles de compétence ou encore les modalités d’inscriptions ». De quoi répondre à quelques détracteurs du projet.
Plus loin : « En réunissant des acteurs à la fois de l’enseignement libre non confessionnel, de l’enseignement officiel, des communes et de la Communauté française, la création de cette école à pédagogie active est une première en Communauté française ». De quoi réjouir les initiateurs du projet ! Mais le dernier paragraphe du communiqué ne laisse pas de les inquiéter : « En soutenant ce projet le gouvernement encourage la création d’écoles à Bruxelles. C’est également un signal clair qu’il a décidé de donner aux membres de l’asbl et aux responsables de la société publique d’administration des bâtiments scolaires bruxellois (SPABSB) qui doit encore prendre une décision concernant l’occupation par cette école d’une partie des bâtiments de l’internat autonome de la Communauté française situé rue de Bourgogne à Forest ».
Les briques
Mais oui bien sûr ! Pour ouvrir une école, il faut disposer d’un bâtiment au moins. Les initiateurs du projet avaient repéré les locaux de la Communauté française cités plus haut. Ils étaient peu occupés et suffisaient pour ouvrir un premier degré secondaire. Malgré de nombreuses interventions de parlementaires et l’appui répété de la ministre Simonet, la SPABSB se fit tirer l’oreille et ne donna pas son accord. C’est sans doute le résultat des débats très vifs qui ont agité le landerneau socialiste bruxellois. D’un côté les communes de Saint-Gilles (Picqué) et de Forest (De Galan) ont appuyé sans réserve le projet. Mais il semble que ce soit une autre chapelle socialiste qui tienne les rênes de la devenue fameuse société publique… Sans parler des vives réserves de la régionale bruxelloise de la CGSP. Sous le titre cinglant « Une école à démagogie active à Forest ? », le syndicat rappelle sa position : « Il n’est pas acceptable qu’une école qui relève du secteur privé (puisque sous forme d’asbl), occupe des bâtiments publics et puisse ainsi empêcher dans l’absolu d’autres projets de création d’écoles du réseau officiel répondant, eux aussi, aux besoins des populations (entre autres dans l’enseignement maternel et primaire) ». Le communiqué poursuit en égratignant au passage quelques ministres plus ou moins concernés (Nollet, Huytebroek et Doulkeridis) et regrette même que le ministre-président Charles Picqué ose penser et dire que les écoles « ne doivent pas toutes être publiques » ! Moins polémique, le syndicat rappelle « qu’il est urgentissime de répondre aux besoins démographiques dans l’enseignement maternel dans plusieurs communes de notre région où ce sont des centaines de familles qui ne trouvent pas de place pour leurs enfants, les excluant ainsi de la scolarité dès leur plus jeune âge et où les conditions d’enseignement de ceux qui ont la chance d’avoir une place se dégradent de jour en jour ».
Et pourtant…
Les communes de Forest et de Saint-Gilles n’ont eu de cesse de soutenir le projet. Un coordonateur pédagogique chargé d’évaluer la faisabilité du projet a même été engagé. Son poste est financé à hauteur de 50 000 euros par le gouvernement de la Région de Bruxelles – Capitale. Sa tâche était, entre autres, d’élaborer un synoptique présentant les avantages et désavantages des différentes formules structurelles que pourrait prendre le projet. À savoir une formule d’asbl qui relèverait de l’enseignement libre non confessionnel ou une formule intercommunale qui relèverait de l’enseignement officiel. Affaire à suivre, donc. Ce projet n’est pas isolé. Un peu partout, des parents et des enseignants fatigués des pesanteurs du système scolaire rêvent d’organiser des écoles fondamentales et/ou secondaires plus vivantes, plus participatives, plus actives, plus ouvertes, plus démocratiques, plus émancipatrices Nous leur consacrerons un dossier dans le prochain numéro de Politique (novembre-décembre 2011) et nous reviendrons par la même occasion sur toutes les questions complexes que soulèvent ces initiatives …