Elections 2024 • Politique
Pourquoi les élections communales sont plus importantes que vous ne le pensez
14.10.2024
Le 13 octobre se sont déroulées les élections communales et provinciales. En Wallonie, les communes constituent le niveau de pouvoir auquel les citoyens et citoyennes accordent le plus leur confiance (voir le baromètre social de la Wallonie de l’IWEPS). Il en va probablement de même dans le reste de notre pays.
L’échelon communal est le niveau le plus proche de la population, celui vers lequel tout le monde se tourne en première instance, pour des problèmes de proximité. Ceci explique également que ces élections soient au centre de l’attention et de l’actualité.
Souvent, le système politique et administratif de la Belgique est comparé à une lasagne. Quand on coupe une tranche de notre lasagne belge, on y trouve systématiquement une couche fédérale, une couche régionale, une couche communautaire, une couche provinciale et une couche communale (sauf à Bruxelles où il y a deux couches communautaires et pas de provinciale). Bien que la sauce d’une lasagne soit mélangée, on arrive toujours à distinguer la viande, l’oignon, les tomates, les herbes… Ainsi, pour les acteurs concernés (une administration, une échevine, un impétrant…), leur champ d’action apparaît assez clair.
En revanche, une automobiliste qui se plaint de nids de poule sur la chaussée va surtout voir la sauce dans son ensemble sans en distinguer les ingrédients. La voirie peut être communale ou régionale, et le trou qui s’y forme ne peut être réparé que par son propre gestionnaire. En outre, si cette automobiliste gare sa voiture et glisse sur une plaque de verglas sur le trottoir, c’est le ou la propriétaire (voire locataire) de l’immeuble devant lequel elle chute, qui est responsable de ne pas l’avoir dégagé. De même pour de nombreux problèmes qu’un habitant ou une habitante peuvent rencontrer dans leur vie quotidienne.
Une importance fondamentale
La commune est en effet, par facilité ou par méconnaissance, le premier point de contact des personnes ayant à se plaindre d’un trou dans la voirie. Après tout, il s’agit de la base de la lasagne. Notre automobiliste peut en effet espérer que les responsables des voiries communales connaissent leurs homologues régionaux et que leur demande de réparer le trou ait plus de poids que la sienne – même si désormais une application comme « Fix My Street » permet, d’une part, de signaler un incident sans l’adresser spécifiquement à un point de contact et, d’autre part, au service compétent de le consulter et d’y remédier.
On élit des mandataires de première ligne, celles et ceux qui recueillent un grand nombre de doléances qui ne concernent pas toujours leur niveau de pouvoir.
Notre automobiliste pourrait également penser que les mandataires locaux pourront identifier les propriétaires d’immeubles et les mettre en demeure d’entretenir leur trottoir.
C’est dire si l’enjeu des élections du 13 octobre est essentiel. On élit des mandataires de première ligne, celles et ceux qui recueillent un grand nombre de doléances qui ne concernent pas toujours leur niveau de pouvoir. C’est sur leurs épaules que reposera la bonne transmission de ces dossiers ou la responsabilité de déployer des trésors de pédagogie pour expliquer à la citoyenne ou au citoyen à qui il convient de s’adresser.
L’attente des négociations fédérales
Il est en effet difficile pour le grand public de distinguer les responsabilités politiques d’un niveau de pouvoir plutôt que d’un autre. Aujourd’hui, d’ailleurs, les négociateurs préfèrent attendre que les élections communales soient passées avant de former un gouvernement au fédéral ou à Bruxelles.
En Flandre, par ailleurs, l’objectif politique annoncé au printemps était d’arriver à un accord avant les élections communales et il vient d’être atteint. L’explication à ces deux attitudes tient précisément à l’existence de la lasagne : on ne voudrait pas pénaliser localement un parti, pour d’éventuelles décisions impopulaires prises à un autre niveau de pouvoir (au fédéral ou à Bruxelles).
A l’inverse, les négociateurs du prochain gouvernement fédéral escomptent certainement que la concrétisation d’un accord soit porté à leur crédit au moment du vote, comme d’autres clôturent des travaux ou inaugurent des lignes de tram à une encablure de l’élection. Au fond, peut-être devrait-on travailler à faire de nos concitoyennes et concitoyens des gourmets avertis, en fournissant la recette de la lasagne avec le bulletin de vote ?