Avec la crise du coronavirus, le débat sur le revenu de base/allocation universelle refait surface en Belgique (voir ici et ici) et ailleurs.
Pendant une année – entre mars 2018 (#103) et mars 2019 – Politique a publié une série d’articles de débat autour du revenu de base (auquel s’ajoute, en 2022, la recension d’un livre de Daniel Dumont résumant justement ce débat) et que vous pouvez consulter au bas de cette page.

PRÉSENTATION
En Belgique, on parle généralement d’allocation universelle. Pour Philippe Van Parijs, à qui revient la paternité de l’expression, il s’agirait d’un droit inconditionnel de citoyenneté, prenant ici la forme d’une allocation forfaitaire versée à l’ensemble de la population sans condition d’âge ou de revenu.
Dans les autres pays, on parle plutôt de basic income, soit, en français, de revenu de base. Le concept est plus large, et l’allocation universelle « chimiquement pure » n’en est qu’une forme particulièrement radicale.
Mais le revenu de base peut également désigner d’autres dispositifs, qui auraient pour ambition non pas de remplacer la sécurité sociale, mais de la compléter.
Pour nous, il s’agit là d’un débat capital pour l’avenir d’un modèle social que d’autres pays nous envient. En Belgique, la sécurité sociale a institué des mécanismes de solidarité – entre riches et pauvres, entre malades et bien portant·e·s, entre générations – qui empêchent les familles de sombrer dans la précarité malgré les aléas de l’existence qui pourraient les toucher. Il serait irresponsable d’en faire table rase pour mettre un autre système à la place.

– « Illusion de la raréfaction du travail et magie du revenu universel », Mateo Alaluf, site de Politique, 28 mai 2020.
>>> Un revenu universel comme solution à la crise sociale engendrée par le Covid·19 et à une supposée raréfaction du travail ? Ne serait-ce pas plutôt une idée néolibérale qui favoriserait le démantèlement de la sécurité sociale ?

– « La gauche à l’épreuve du revenu de base », François Perl, Politique 103, mars 2018
>>> L’instauration d’un revenu de base peut répondre à la nécessité impérieuse de repenser un État social qui fait de moins en moins consensus et d’enrayer son glissement vers un système minimaliste d’assistance, voire sa privatisation rampante. Mais seulement à certaines conditions !

– « Un revenu de base « de gauche » est-il pensable ? », échanges entre Kim Evangelista et Daniel Zamora, Politique 104, juin 2018
>>> Pour Kim Evangelista, la réponse est OUI !
Pour Daniel Zamora, la réponse est NON !
Pour éviter le dialogue de sourds, chaque auteur a eu la possibilité de réagir brièvement au texte de l’autre.

– « Introuvable revenu de base », François Perl, Politique 106, décembre 2018
>>> Le débat sur le revenu de base s’apparente parfois à l’histoire du monstre du Loch Ness. Il connaît des prurits subits, sous la forme d’une visibilité médiatique intense, alimentée par des travaux scientifiques et des propositions politiques, puis il finit par disparaître pour mieux revenir bientôt. À l’instar de Nessie, tout le monde a vu un jour une allocation universelle ou un revenu de base, mais rares sont ceux qui peuvent s’accorder pour dire à quoi elle ou il ressemble réellement.

« Repenser la sécurité sociale avec le revenu de base contre le revenu de base », Daniel Dumont, Politique 107, mars 2019
>>> L’argumentaire en faveur du revenu de base conduit indiscutablement à poser de bonnes questions. Il met le doigt sur des « nœuds » de la réglementation dont tous les observateurs de la sécurité sociale connaissent la difficulté. Pour l’auteur, les thèses des tenants du revenu de base mettent les partisans d’un perfectionnement « de l’intérieur » de la sécurité sociale – au rang desquels il se compte – au défi d’apporter des réponses innovantes à des problèmes incontestables. Il suggère quelques pistes

– « L’éternel retour du revenu universel », site de Politique, François Perl, avril 2022
>>> Pour ses partisans, le revenu de base est un avenir souhaitable et le chemin à parcourir pour y parvenir compte parfois plus que son aboutissement. Pour ses adversaires, il s’agit plutôt de considérer le chemin parcouru depuis l’émergence des systèmes modernes de protection sociale et l’impact qu’aurait la mise en œuvre du revenu de base sur les fondements de ces systèmes.