Politique
Parlement Jeunesse : se réapproprier la question politique
03.05.2011
Les travaux parlementaires du Parlement Jeunesse consistent principalement en deux étapes : l’examen détaillé des projets décrets en commission et la discussion générale suivie d’un vote en séance plénière. Par ailleurs, en fin de semaine, un projet de résolution Pour cette législature, la proposition de résolution s’intitulait « Interculturalité et droits de l’Homme ». Elle prévoyait l’engagement du Parlement Jeunesse à promouvoir une société inclusive ainsi que la pratique des « accommodements raisonnables ». Afin qu’il nous entretienne de la problématique, le Parlement Jeunesse a invité Henri Goldman, de la revue Politique. Ainsi, le projet de résolution a été soutenu par une majorité de députés suite à un débat dense et constructif – traitant d’un sujet au cœur de l’actualité – est soumis à l’assemblée suite à la présentation d’un-e expert « engagé-e » et d’un débat sur la question. Cette résolution pourra orienter l’élaboration des projets ministériels lors de la prochaine législature. Tant d’encre s’écoule pour déplorer le manque d’intérêt des jeunes pour la politique. Plutôt que de venir garnir les rangs des pleureuses, des jeunes gens ont eu l’ambition de développer un forum où l’on « fait » de la politique plutôt que de la commenter. Dans un contexte de forte défiance à l’égard de la chose publique, il peut être utile d’arracher le débat politique à ses techniques – réflexes partisans, logiques de parti, discipline de vote… – et à ses technicien-ne-s pour le rendre au plus grand nombre, à celles et ceux qui n’ont pour expertise que leurs expériences de vie, leurs idéaux, leurs valeurs ainsi que leur créativité. Depuis maintenant 15 ans, le Parlement Jeunesse fait la démonstration que les jeunes veulent prendre une place active dans le débat public, non pas pour défendre leurs intérêts immédiats, mais pour développer une vision politique créative et ambitieuse sur des enjeux qui conditionnent l’avenir de la collectivité. Toutefois, le risque est évidemment grand de débattre dans les nuages. Certes, le Parlement Jeunesse ne dispose pas de leviers pour agir directement sur la société. Il n’en a d’ailleurs pas la prétention, ni la légitimité démocratique. Toutefois, le Parlement Jeunesse peut constituer une porte d’entrée vers un engagement futur visant un véritable changement social. L’objectif fondamental des organisateurs du Parlement Jeunesse est que les jeunes députés en ressortent affranchis tant du fatalisme amorphe du citoyen lambda que du populisme consumériste de celles et ceux qui croient que la politique consiste à tout attendre des gouvernants. Le Parlement Jeunesse n’est pas simplement une simulation parlementaire. Il s’agit d’un véritable espace de vie ouvert le temps d’une semaine au cours de laquelle des jeunes issus de tous horizons (Wallonie, Bruxelles… mais aussi Québec, Italie, Suisse, Maroc et République Démocratique du Congo) travaillent et vivent ensemble. Ces deux dernières années – celles de notre participation – le Parlement Jeunesse a concentré ses efforts afin d’augmenter la mixité sociale et culturelle de notre public. On peut dire que le Parlement Jeunesse accueille aujourd’hui des populations de classes sociales et d’origines diverses tant parmi ses participants qu’au sein de son équipe organisatrice. Bien sûr, beaucoup reste à faire, notamment en ce qui concerne les jeunes qui ne font pas d’études supérieures. Aujourd’hui, le Parlement Jeunesse est une expérience inédite. Existe-t-il seulement un autre espace de vie dans lequel peuvent « s’entre-connaître » – se jauger, se découvrir, se comprendre – des personnes issues de quartiers populaires à Bruxelles et des jeunes gens venus d’un village ardennais ou hennuyer avec toutes les différences et les incompréhensions que cela peut supposer ? La diversité sociale et culturelle du Parlement Jeunesse en fait un véritable laboratoire du vivre-ensemble dont l’effet immédiat est de questionner les préjugés de chacun-e ainsi que toutes ces petites choses que l’on sait sur « l’autre » sans lui avoir jamais parlé.