Écologie
Nous ne sommes pas tous dans le même bateau
02.11.2021
Cet article a pour objectif de passer en revue une série de catégories et d’approches des inégalités sociales face à l’environnement ainsi que des questions qui y sont associées[1.En Belgique, le livre édité en 2007 par P. Cornut, T. Bauler et E. Zaccai, Environnement et inégalités sociales, résultant d’un colloque international à l’Igeat (ULB), est en consultation libre sur le site de l’Igeat. Merci au passage à Pierre Cornut et à Bruno Kestemont pour leurs commentaires sur cet article.]. Différents termes sont employés dans ce contexte, comme inégalités environnementales, socio-environnementales ou encore inégalités écologiques. Il y a aussi des différences à faire entre le terme d’inégalités et celui de justice. Les objectifs de justice environnementale ou de justice climatique sont de plus en plus mobilisés et suscitent un nombre très important de travaux ces dernières années[2.Voir la somme en anglais qui vient d’être réunie par le chercheur belge B. Coolsaet, que je remercie pour sa documentation, Environmental Justice : Key Issues, Routledge, 2020.].
Inégalités et formes de justice
Plusieurs conceptions de la justice influencent la vision des inégalités face à l’environnement. La plus importante est celle de la justice distributive quant aux impacts. La distribution très inégale d’impacts environnementaux ou climatiques sur des catégories de personnes défavorisées est une réalité dans le monde entier. Comme l’écrit le chercheur en économie Éloi Laurent : « L’inégalité est un catalyseur de pollutions ; la pollution est un accélérateur d’inégalités.[3.Voir l’introduction du numéro spécial de l’OFCE, « Écologie et inégalités », Revue de l’OFCE, n°165, janvier 2020.] »
Une autre catégorie importante est la justice procédurale : dans quelle mesure les catégories sociales défavorisées ont accès à faire entendre leur voix ou, au contraire, sont, selon un terme souvent utilisé aujourd’hui, invisibilisées. Il s’agit ici de la représentation et de la défense des intérêts de ces citoyens et groupes, que ce soit dans les débats médiatiques, politiques, ou au niveau juridique. On a pu recenser par exemple dans le monde du travail bien des mobilisations contre les pollutions (notamment internes aux entreprises), dotées de moins de surface médiatique que celle d’associations environnementales, plus éloignées de ces milieux. C’est ce que des chercheurs appellent un environnementalisme de la classe ouvrière[4. S. Barca, « Sur l’écologie de la classe ouvrière : un aperçu historique et transnational », Ecologie politique, 2015/1, https://www.cairn-int.info/revue-ecologie-et-politique1-2015-1-page-23.htm ; K. Bell, « A working-class green movement is out there but not getting the credit it deserves », The Guardian, 11/10/2019, et son livre Working class environmentalism, Palgrave, 2020. ]. Il est intéressant de noter que les sensibilisations et réactions de syndicats vis-à-vis de problèmes environnementaux sont passées plusieurs fois via des experts du domaine médical. Mais dans ce contexte, la contestation des travailleurs est évidemment réfrénée par leur dépendance à leur emploi.
Une autre forme de justice mobilisée dans le domaine de l’écologie est la justice intergénérationnelle. Elle a été particulièrement mise en avant dans les grands textes du développement durable fin des années 80 et début des années 90, par exemple lors de la Conférence de Rio de 1992. Ne pas nuire par les formes du développement présent aux besoins des générations futures, notamment (mais pas seulement) via une dégradation irréversible et sévère des écosystèmes terrestres, telle en est l’idée essentielle. Cette revendication est plus que jamais d’actualité dans le cadre de la justice climatique en particulier, vu les redoutables impacts possibles d’ici quelques décennies, et nul doute qu’elle a participé à la mobilisation de publics jeunes en 2018-2019 avec un succès sans précédent.
Toutefois, au-delà de cette vision massive d’un futur menaçant, la mise en lumière des inégalités environnementales au présent permet de sortir l’environnementalisme d’un « unanimisme », c’est-à-dire d’un discours prononcé sous forme d’un « nous ». Un nous qui profiterait d’une consommation sans frein au détriment d’un impact irresponsable pesant sur les générations futures. Ce n’est pas ainsi que, dès à présent, les problèmes se posent. Ils sont multiples, certains ayant connu des améliorations, et d’autres des détériorations. Et surtout ils affectent dès aujourd’hui mais aussi demain, de façon très variée des catégories différentes de populations, que ce soit dans un pays ou dans le monde.
Un texte précurseur[5.H. M. Enzensberger, « Une critique de l’écologie politique », paru en allemand dans Kursbuch 33, octobre 1973. http://www.contretemps.eu/wp-content/uploads/critiqueco-7-7-44.pdf. Parmi les exceptions chez les environnementalistes américains des débuts, on peut citer Bary Commoner.] avait analysé dès 1973 la façon dont de nombreux combats contre des nuisances se sont produits, avant les mouvements écologistes modernes, dans des catégories peu influentes de la population (riverains d’entreprises, villageois, ouvriers) sans décréter pour autant que ces nuisances constituaient un problème majeur entamant l’avenir de la société dans son ensemble. C’est, selon cet auteur, quand les impacts ont commencé à toucher des catégories qui pouvaient jusque-là s’en protéger que des discours environnementalistes généraux sous la forme moderne ont fleuri. Pourtant nous ne sommes pas égaux sur le Vaisseau spatial terrestre (le terme utilisé à l’époque).
Impacts subis, impacts générés
Les inégalités dans la distribution des impacts environnementaux ont d’abord été largement étudiées sous la forme d’impacts ressentis, subis, ainsi que de la vulnérabilité de groupes défavorisés. Le livre fondateur américain à ce sujet Dumping in Dixie. Race, Class and Environmental Quality, publié par Robert Bullard en 1990, a mis en évidence combien des installations toxiques et nuisibles sont implantées dans des quartiers défavorisés dotés d’une surreprésentation ethnique non blanche. Beaucoup de travaux vont s’engouffrer dans cette optique et poursuivre une documentation de multiples caractéristiques d’inégalités, depuis les nuisances d’exposition au bruit, jusqu’à l’accès aux espaces verts en passant par la qualité de l’air, de l’eau ou le voisinage de sols pollués. Généralement dans les pays européens ce sont surtout les catégories socio-économiques qui sont mises en avant comme déterminants de ces inégalités. Néanmoins certains chercheurs font valoir ici aussi d’autres critères, notamment liés à l’immigration et à l’histoire des territoires[6.V. Deldrève, « La fabrique des inégalités en France », numéro de l’OFCE déjà cité.]. La délimitation de ce qu’on nomme inégalités environnementales n’est pas simple : faut-il y inclure l’alimentation, le tabagisme, la santé… Il est clair en tous cas que des phénomènes similaires peuvent se produire en matière de santé, comme on le voit dans le cas du Covid-19 en Belgique où une étude de Solidaris suggère qu’au printemps 2020 la surmortalité a été statistiquement nettement plus forte chez les plus précarisés que chez des personnes souffrant de pathologies particulières (asthme ou diabète par exemple)[7.Solidaris, « Surmortalité liée à l’épidémie de Coronavirus : Les décès en maison de repos représentent près de 2/3 de la surmortalité », Communiqué de presse, 13 octobre 2020.].
De leur côté les changements climatiques peuvent générer dans les populations du monde des impacts à la fois directs, quand des lieux d’habitation sont touchés, par exemple par des inondations ou des canicules, et indirects, quand le prix des denrées agricoles entre autres est affecté par les mauvaises conditions météorologiques. Les populations agraires pauvres des pays en développement, déjà les plus vulnérables aux impacts directs des bouleversements du rythme des saisons, le sont aussi par le fait qu’elles consacrent une large part de leurs ressources économiques à leur alimentation.
À côté des inégalités dans les impacts subis, une évolution de ces dernières années amène de plus en plus à considérer celles portant sur les impacts générés. Autrement dit les différences dans les pollutions que l’on peut attribuer à des personnes (ou à des entreprises) selon leur profil socio-économique. Dans ce domaine, ce sont les émissions de CO2 qui sont le mieux documentées. D’après un récent rapport d’Oxfam, entre 1990 et 2015, les 5 % les plus riches du monde ont généré 37 % de la croissance des émissions, dont on sait qu’elles doivent décroitre rapidement pour respecter un « budget carbone » très restreint. Si ces tendances se poursuivaient, les 10 % les plus riches pourraient épuiser à eux seuls le budget restant d’ici 2033, quand bien même tout le reste du monde cesserait de polluer[8.Oxfam, « Combattre les inégalités des émissions de CO2. La justice climatique au cœur de la reprise post-Covid-19 », Document d’information média, 21 septembre 2020. Le budget carbone est une quantité qu’il est encore possible d’émettre, au niveau mondial, pour respecter une hausse de température donnée. Ici : 1,5° C au-dessus de la température préindustrielle.] !
Ces inégalités d’émissions doublent les inégalités de distribution des impacts. « On peut déjà [je souligne] mesurer un effet du changement climatique plus important pour les plus pauvres, et ce à toutes les échelles » : entre pays et à l’intérieur des pays, écrivent des économistes du climat[9. C. Guivarch, N. Taconet, « Inégalités mondiales et changement climatique », numéro de l’OFCE déjà cité.]. C’est dire combien ces questions d’inégalités se retrouvent désormais au cœur des politiques climatiques. Mais aussi à différents degrés dans d’autres politiques environnementales. Dans les pays en développement, il est notoire que les politiques de conservation de la nature, dessinées selon des critères exportés d’Occident, ont fait peu de place aux habitants de ces territoires, allant parfois jusqu’à en emprisonner pour avoir utilisé leurs ressources ancestrales. On comprend sur ces exemples aussi pourquoi ces questions communiquent avec des études sur les effets de la colonisation sur la transformation d’espaces et les relations de pouvoir dans les pays colonisés, des sujets traités par les études décoloniales et la Political ecology[10.T. A. Benjaminsen, H. Svarstad, « Qu’est-ce que la Political ecology », Natures Sciences Sociétés. ].
Gilets jaunes et tarification du carbone
Le fait qu’il faille désormais prendre en compte beaucoup plus que par le passé les impacts environnementaux subis et générés par la croissance économique remet de plus en plus en question l’évidence de celle-ci comme vecteur de progrès. Les inégalités économiques en elles-mêmes sont une autre raison : elles ne font que croitre, et sont encore plus élevées que les inégalités écologiques. Ainsi un précédent rapport d’Oxfam calcule que 2000 milliardaires détiendraient plus de richesse que la moitié de la population du monde entier[11. Oxfam, « Celles qui comptent. Reconnaître la contribution considérable des femmes à l’économie pour combattre les inégalités », Document d’information média, janvier 2020.]. Le célèbre ouvrage de Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle, a bien montré que les hauts patrimoines bénéficiaient d’un taux d’accroissement de leur capital supérieur à celui de la croissance économique, générant toujours plus d’inégalités, en l’absence de politiques redistributives marquées. Sur le plan environnemental, vu l’importance des patrimoines des grandes fortunes et les placements financiers en partie dans l’énergie fossile, on pourrait même estimer que ces détenteurs importants « émettent » plus de pollution carbone par ces patrimoines que par leur consommation directe[12. C’est ce que fait Greenpeace France avec l’aide de Carbone 4 et Carbon 4 Finance pour les calculs. Greenpeace, L’argent sale du capital. Pour l’instauration d’une ISF climatique, octobre 2020.].
Avec un recul historique il est manifeste que nos sociétés constituent une exception dans l’histoire de l’humanité par leur accès à un cout de l’énergie (fossile) bien plus faible que ce ne fut le cas avant le XXe siècle. Son faible cout engendre une utilisation gigantesque et, en conséquence, bouleverse les équilibres écologiques et climatiques, aboutissant à une nouvelle ère géologique, l’Anthropocène[13. A. Rankovic et F. Gemenne, Atlas de l’Anthropocène, Presses de Sciences Po, 2019. Voir l’entretien de François Gemenne dans ce numéro.]. Mais ce constat scientifique prend des allures bien différentes quand il mène à une taxation du prix de cette énergie pour des populations aux revenus limités et captifs de modes de vie générés à une époque où ce facteur était sous-estimé.
On pense évidemment ici à la révolte des Gilets jaunes, qui a connu un retentissement exceptionnel en France à l’automne 2018. Elle fut déclenchée par une augmentation du prix du carburant (due principalement aux prix du marché international et pour le reste à une augmentation des taxes nationales[14.M. Vaudano et A. Sénécat, « Prix du carburant : un débat pollué par les intox », Le Monde, 5 novembre 2018.]) et se propagea principalement dans des zones éloignées de grands centres villes plus florissants. Est-ce pour autant l’enterrement de la tarification du carbone, maillon indispensable des politiques climatiques, du fait qu’elle ne pourrait être acceptée par des catégories à faible revenu ? C’est oublier que ces politiques peuvent très bien être redistributrices. Soit en ciblant pour cette redistribution des catégories défavorisées particulières, soit même en distribuant un chèque d’une valeur unique à tous les habitants : les plus aisés ayant consommé et donc payé davantage (et encore bien plus si on tient compte des patrimoines) seraient de plus larges contributeurs de ce système, et inversement. Encore faut-il assurer plusieurs conditions à sa bonne marche : bien libeller le fait que le revenu provient de cette contribution carbone, et travailler sur la confiance dans le gouvernement à avancer dans la résolution de ces problèmes en fournissant des alternatives réelles aux problèmes générés pour des personnes dotées de peu de marge de manœuvre dans leur vie pratique. Dans le cas des Gilets jaunes ce n’était pas le cas.
À l’écart des transports en commun, bien des ménages sont captifs d’automobiles à combustion, dont on laisse entendre aussi que leurs jours sont comptés alors que les habitants de grandes villes pourront plus facilement trouver des alternatives à ces changements. De plus, il est manifeste que d’autres facteurs ont joué, comme une longue paupérisation de régions périphériques, marquée par la fermeture de nombreux services publics et la baisse des valeurs immobilières.
Images sociales et compétitions politiques
Dans ces évolutions, ce qui se joue c’est aussi le rapport de l’écologie aux inégalités dans des images sociales et des compétitions politiques. Images sociales d’abord, celles de ces fameux bobos qui mangeraient bio, rouleraient à vélo ou en voiture électrique, et surtout auraient les moyens financiers, culturels ou de projets de vie de s’adapter aux bouleversements rendus nécessaires par les politiques climatiques fortes qu’ils prônent. Cette image de l’écolo favorisé face à des catégories défavorisées qui ne s’intéresseraient pas à ces objectifs, car ayant d’autres priorités, lui colle à la peau depuis longtemps. Pensons à l’adage de certains économistes « Too poor to be green », autrement dit les pauvres ne pourraient être écolos. Mais c’est ici qu’il faut se rappeler qu’il existe de nombreux biais dans la manière dont les priorités environnementales ont été définies, par quels groupes et dans quelles conditions. Tous les citoyens, mais avec des priorités différentes, cherchent à améliorer leur cadre de vie, à se prémunir contre des nuisances, à ne pas hypothéquer l’avenir par des impacts croissants, et à agir en ce sens. De même, au niveau mondial, il est faux de dire que des pays en développement pourraient croitre sans tenir compte de questions environnementales selon un autre adage d’économie classique « Grow first, clean up later » (la croissance d’abord, on dépolluera plus tard). Il s’agit donc d’inclure la protection de l’environnement même dans des contextes appauvris, mais avec des priorités différentes de celles des pays riches : déforestation, accès à l’eau potable, anarchie dans le traitement des déchets et de l’assainissement par exemple, et non voiture électrique ou produits écologiques de dernière génération fabriqués par de grandes compagnies.
Dans nos pays, des personnes en précarité se révèlent expertes en transports publics, leurs consommations sont minimales, et elles ont du mal à comprendre pourquoi certains ne veulent pas manger une viande peu accessible pour eux. Il y a donc des redéfinitions de priorités environnementales à effectuer avec différents groupes sociaux, renouant avec la possibilité de représenter différentes voix, y compris féminines d’ailleurs. De même, les politiques environnementales elles-mêmes se doivent de toucher des publics désenclavés du cœur traditionnel des votes écologistes, dont on sait qu’ils sont corrélés notamment au niveau d’instruction.
Ainsi, les aides fiscales pour l’isolation ou les énergies renouvelables sont utilisées de façon disproportionnée par des ménages instruits et relativement aisés. Ce qui à la limite constitue une redistribution inverse des ressources publiques. Ces dernières années, les pouvoirs publics tentent de remédier à ces biais, notamment avec l’aide d’associations travaillant dans le domaine « social » ou de la pauvreté[15. Voir par exemple le rapport Durabilité et pauvreté du Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale, paru en décembre 2019 et présenté dans ce numéro.]. Mais un récent rapport du SPF Économie suggère que le tarif social de l’énergie manque en partie sa cible, puisque près des deux tiers du premier décile (les 10 % au revenu le plus faible) n’en bénéficieraient pas en Belgique. Ce même rapport estime par ailleurs que la consommation d’énergie des déciles plus faibles a peu diminué en dix ans, contrairement à celle des revenus les plus élevés[16.B. Kestemont et C. Bruynoghe, De la précarité à la vulnérabilité énergétique, SPF Économie, Carrefour de l’Économie, n°21, septembre 2020.]. Une autre voie nécessaire pour avancer dans la résolution accrue d’enjeux écologiques et climatiques qui montent en échelle est l’objectif prôné par les syndicats de la Transition juste[17.Tribune syndicale interprofessionnelle, « Climat : La transition juste n’est pas qu’un slogan », Le Soir, 3 décembre 2019.], une approche visant à préparer les transformations économiques profondes nécessaires par des accompagnements en termes de formation et de transferts économiques.
Enfin, il ne faut pas perdre de vue que ces évolutions ne vont pas se produire dans un paysage apaisé et dénué de toutes tensions politiques. Par essence, les mutations dont il est question font intervenir des rapports de force et des intérêts dont la résultante est supposée changer par rapport à la situation actuelle. On part de loin. La justice climatique n’est pas pour demain. Elle sera le fruit de la persévérance, de programmes à moyen terme, de mesures nombreuses, adaptées, et de fréquentes mobilisations. Dans cette évolution la perception des enjeux et l’adhésion des populations constitue un paramètre clé.
Dans un article éclairant, le politologue belge Luc Barbé avait analysé en 2019 l’une des causes du succès du Vlaams Belang aux dernières élections par sa faculté à « rassurer » un électorat dont le mode de vie lui apparaissait menacé par de vigoureuses politiques environnementales prônées par les mobilisations climatiques qui précédaient les élections. Maison quatre façades, voiture symbole de réussite, consommation de viande, city trips : autant de marqueurs où s’est construit un style de vie, et qui se trouve remis en cause par certains discours écologistes[18.Voir la présentation de cet article en vidéo par Luc Barbé.]. Des réactions anti-écolos voient le jour aussi dans l’Amérique de Trump bien sûr, mais encore dans certains partis comme le Forum démocratique aux Pays-Bas et l’AfD en Allemagne. C’est là encore une raison de sortir d’un noyau écologique de convaincus pour tenter des dialogues et des définitions de priorités avec des groupes sociaux moins convaincus. Ce ne sera pas facile, vu l’instrumentalisation de ces thèmes aussi par des acteurs qui promeuvent leur propre agenda économique et industriel et dans un climat de frénésie sur les réseaux sociaux. Mais un enjeu de l’extension de politiques écologiques, indispensables à la justice au présent et au futur, se situe bien là également.
(Image de la vignette et dans d’article sous CC-BY 2.0 ; photographie d’un couple dans un bateau, prise en 2012 par Don DeBold.)