Espagne
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L’été arrive, et avec lui son lot d’orages violents. Les élections européennes ont été marquées par l’explosion de la confrontation entre Podemos et Sumar, à la gauche du parti socialiste (PSOE). C’était la première fois que les deux formations politiques s’affrontaient au niveau national, et le résultat est catastrophique : Sumar obtient 4.7% des voix et 3 députés, tandis que Podemos chute à 3.3% et 2 députés. Pour l’espace de la gauche radicale, cela représente une perte de près de 10% en comparaison avec 2014, lorsque Podemos faisait sa première apparition électorale et engrangeait 5 eurodéputés, à la surprise générale. Par ailleurs, si le PSOE reste relativement stable (avec 30% des voix, ils perdent un siège), la droite et l’extrême droite sortent renforcées du scrutin : le PPE et Vox enregistrent respectivement une progression de 9 et 2 sièges, tandis que la liste radicale de Alvise Pérez remporte son pari en gagnant trois sièges.
À l’issue de ce scrutin, la bipolarisation est plus que jamais renforcée en Espagne ; à l’intérieur de l’espace politique de la gauche, très divisé, le PSOE reste nettement hégémonique. Le premier effet direct de ces élections a été la démission de Yolanda Díaz en tant que coordinatrice de Sumar et leader de la gauche radicale. Cela ouvre un processus de recomposition, sans horizon précis, qui pourrait conduire à réorganiser la gauche à long terme. Dans un premier temps, cependant, il est probable que cela mène à une intensification de la lutte entre les différentes organisations présentes dans cet espace (Podemos, Sumar, Izquierda Unida, Izquierda Anticapitalista, Compromís, Comuns, Más Madrid…). En attendant l’émergence d’un mouvement populaire capable de forcer l’union des forces espagnoles de gauche, c’est un scénario digne de Game of Thrones qui s’y donne à voir – et pas exactement celui auquel pensait Pablo Iglesias, alors leader d’un Podemos en pleine progression, lorsqu’il offrait un DVD de la célèbre série télévisée au roi Felipe VI en 2015.
Précédemment : En Espagne, la gauche du parti socialiste peine à sortir de sa position subalterne et à mettre fin à ses divisions internes entre Sumar, Podemos et Izquierda Unida. Les conséquences électorales de cette situation ne se font pas attendre. Se présentant en ordre dispersé aux élections régionales en Galice et au Pays basque qui se sont tenues respectivement le 18 février et le 25 avril, elle y a obtenu des résultats catastrophiques (un seul siège obtenu par Sumar sur ces deux élections, Podemos privé de représentation parlementaire). Si la bonne santé des socialistes et des gauches régionalistes a empêché que cela ne se traduise en victoire écrasante pour la droite au Pays basque – configuration qui devrait bientôt se répéter en Catalogne – les prévisions sont bien moins optimistes pour le scrutin européen auquel participeront les Espagnols au mois de juin. Et la position de Pedro Sánchez, chef de l’exécutif, vient d’être fragilisée par des accusations de corruption visant son épouse, provenant de l’association proche de l’extrême droite, Manos Limpias…