Politique
Les passeurs ne sont pas ceux que l’on croyait
29.01.2019
Qui sont les passeurs ? Pour faire passer une frontière, il faut en avoir le contrôle. Dans les zones de guerre seules des forces armées régulières (armée, police, douane : exemple Turquie) ou irrégulières (milices, bandes armées : exemple Libye) ont la capacité de le faire. Le passage de frontière devient ainsi une activité qui génère son marché fait d’intermédiaires entre, d’une part, les demandeurs d’asile et, d’autre part, les vrais passeurs à savoir les gouvernements, les fonctionnaires et les bandes armées largement payés officiellement ou par la corruption (voir encore les cas de la Libye et la Turquie).
Les États qui contrôlent les frontières sont les principaux bénéficiaires de ce commerce. Les retombées financières pour les États de départ comme la Turquie peuvent se chiffrer à plusieurs milliards d’euros. Les États destinataires en tirent un bénéfice politique qui se chiffre dans une popularité de dizaines de milliers de voix à l’instar de Matteo Salvini en Italie ou, chez nous, de Theo Francken. Les passeurs commissionnés par le secrétaire d’État comme le conseiller communal N-VA Melikan Kucam soignent la clientèle de leur patron et ne sont que des intermédiaires rémunérés d’un marché qui porte le nom de trafic d’êtres humains[1].
Les perdants sont bien sûr les migrants, ceux qui meurent en chemin, ceux qui sont expulsés ou se trouvent dans des centres fermés.
La dénonciation des ONG secourant les naufragés en méditerranée n’était donc pas gratuite.
[1] Ce mécanisme bien connu a été dénoncé bien des fois par des ONG. Voir l’article de Jean-Hervé Bradol, directeur d’études à Médecins sans frontières, intitulé «Les passeurs de migrants sont souvent des fonctionnaires» paru dans Le Monde (11/9/2018).