Politique
Le Parti socialiste est-il populaire ?
02.12.2009
Assurément, si on analyse sa capacité à capter le vote les couches populaires et à s’occuper, au niveau local, de certaines de leurs préoccupations. Mais si l’on compare réalisations politiques du PS depuis les plus de vingt années qu’il est au pouvoir en Belgique, on ne peut pas dire qu’elles répondent aux soucis de leurs électeurs.
À l’échelle européenne, le PS belge francophone semble mieux résister que d’autres partis frères. Non seulement il parvient à préserver un capital électoral non négligeable, là où ses homologues flamand, français, néerlandais, luxembourgeois ou plus récemment allemand semblent en perte de vitesse. Mais en outre, il est parvenu à se maintenir au pouvoir depuis plus de vingt ans, ce qui en fait un cas assez exceptionnel à l’échelle du continent. Est-ce à dire que le PS est un parti populaire ? L’adjectif populaire recouvre plusieurs sens. Cette polysémie me paraît utile pour approcher la physionomie actuelle de ce parti. Sur le plan électoral, peut-on qualifier le PS de populaire ? A-t-il «la faveur de la population, du plus grand nombre» Larousse.fr, version populaire ? À Bruxelles pas plus qu’en Wallonie, le PS n’est majoritaire sur le plan régional. Néanmoins, avec 23,3% des voix émises en 2009 pour le Parlement régional bruxellois et 32,8% des voix pour le Parlement wallon, ce parti est sans conteste un poids lourd du paysage électoral francophone, et plus largement belge. Lors du scrutin régional de juin dernier, le PS est arrivé en tête dans 53 des 97 cantons wallons et dans 5 des 8 cantons bruxellois. Il a même remporté plus de la moitié des voix dans les cantons de Boussu et de Saint-Nicolas. Sur le long terme cependant, il est clair que l’assise du PS s’est érodée. Les 49,3% réalisés à la Chambre en Wallonie en 1954, en pleine guerre scolaire, ou les 47,1% de 1961, obtenus au sortir de la grande grève, sont bel et bien loin. Depuis son retour au pouvoir, dans la foulée du scrutin de 1987, le PS est passé de 43,9% à 29,5% en 2007. Pis, le Mouvement réformateur, parti libéral ennemi mais partenaire de coalition au fédéral depuis huit ans, lui a ravi pour quelques mois le statut de premier parti wallon, acquis depuis l’introduction du suffrage universel masculin en 1919. Du point de vue électoral, la popularité du PS est donc tout à la fois avérée et fragilisée.
Quel électorat ?
L’électorat de ce parti est-il lui-même populaire, c’est-à-dire «relatif au peuple, en tant que milieu social» Idem ? Manifestement, et de manière assez constante, les électeurs du PS proviennent davantage que ceux des autres formations de ces catégories de la population : les ouvriers, les chômeurs et les pensionnés. Les indépendants, les professions libérales ou les agriculteurs sont en revanche sous-représentés dans cet électorat A.-P. Frognier, «Vote, positions sociales, attitudes et opinions en Wallonie», in A.-P. Frognier, A.-M. Aish-Van Vaerenbergh (éd.), Elections la fêlure ?, Bruxelles, De Boeck, 1994, pp. 40-41, et P. Delwit, E. Van Haute, «Conclusion», in P. Delwit, E. Van Haute (éd.), Le vote des Belges, Bruxelles, Editions de l’Université de Bruxelles, 2008, p. 133. Notons que le rapport entre l’appartenance à une catégorie socioprofessionnelle spécifique et le vote pour un parti déterminé est abordé de manière assez évasive dans ces deux ouvrages, alors même que leurs coordinateurs continuent de se référer à ce type de catégorie dans leur analyse globale du vote.
De manière frappante, on constate que le niveau de scolarité est inversement proportionnel au vote pour le PS : en Wallonie, les électeurs sans diplôme ou ayant terminé au maximum leurs études primaires votent à 46% pour ce parti, alors que seulement 10% des universitaires font de même. À Bruxelles, le constat est semblable même si les écarts sont moins prononcés (33% et 18%). Dans les deux régions, les détenteurs d’un diplôme de l’enseignement technique ou professionnel ont davantage tendance à voter pour le PS que les diplômés de l’enseignement général P. Delwit, «Le capital scolaire, une variable déterminante dans le vote ?», in P. Delwit, E. Van Haute (éd.), op. cit., pp. 59-60. Les mauvaises langues en concluront un peu vite que plus on est intelligent, moins on vote PS. Outre qu’elle est très élitiste, une telle affirmation confond intelligence et niveau de scolarité, ce qui ne va pas toujours de pair. Une autre lecture permet en revanche de tirer deux enseignements intéressants. D’une part, inégalités sociales et inégalités scolaires continuent à se superposer. D’autre part, le PS est enraciné dans l’électorat que l’on peut qualifier de populaire. Si ces constats posés sur les caractéristiques de l’électorat peuvent paraître anodins, ils sont toutefois éclairants. Le fait est là : la réussite électorale du PS est notamment à mettre à l’actif de sa capacité à continuer à attirer les votes de couches qui demeurent bien présentes dans la société. Le taux de chômage est de 18% en Wallonie et de 22% en Région bruxelloise. Les ouvriers forment 37% du salariat en Belgique Statistiques de l’ONSS pour le deuxième trimestre 2009. Et le nombre de pensionnés ne cesse de s’accroître. Certes, cela n’explique pas pour autant pourquoi le PS continue à conserver le soutien assez prononcé de ces électeurs. Un facteur vient alors à l’esprit. En Belgique, le vote est obligatoire. S’il ne l’était plus, le PS en pâtirait-il ? On peut le penser. En effet, dans le cas d’un exercice facultatif du droit de vote, les personnes les plus âgées iraient moins voter que leurs cadets. Les travailleurs non qualifiés participeraient moins aux élections que les autres catégories socioprofessionnelles. Quant au niveau de scolarité, il apparaît comme un des principaux facteurs prédictifs de l’abstention : moins on est diplômé, moins on continuerait à aller voter si on en était dispensé R. Dandoy, P. Delwit, J.-B. Pilet, «Le vote obligatoire», in A.-P. Frognier, L. De Winter, P. Baudewyns (éd.), Elections : le reflux ?, Bruxelles, De Boeck, 2007, pp. 109-112. Bref, les électeurs du PS décrits dans les paragraphes précédents seraient particulièrement susceptibles de ne plus aller voter.
Populaire, mais pourquoi ?
Mais, puisqu’ils vont voter, pourquoi est-ce pour le PS ? Ce parti reste profondément ancré dans la société wallonne. À lui seul, il compte davantage d’adhérents (environ 95 000 en 2006) que tous les autres partis francophones réunis Quoique ce chiffre demeure impressionnant, il faut cependant constater que le PS a perdu quelque 50 000 adhérents depuis 1978. P. Delwit, «Les difficiles “années Busquin”», Politique, n°2, juin-juillet 1997, p. 10. À l’activité certes inégale, les unions socialistes communales constituent un maillage assez serré assurant la présence du parti sur la majeure partie du territoire wallon. Parmi les 5 214 conseillers communaux que compte la Wallonie, 1 291, soit un quart environ, ont été élus en 2006 sur une liste étiquetée PS On sait qu’au niveau communal, nombre de candidats d’un parti sont présents sur des listes de cartel ou à dénomination locale, ce qui signifie donc que le nombre de mandataires communaux affiliés au PS est supérieur encore. Dans 47 communes wallonnes (soit 18%), le PS dispose de la majorité absolue des sièges. Sans surprise, cet enracinement local est surtout marqué dans les provinces de Hainaut et de Liège J. Faniel, «Les résultats des élections communales du 8 octobre 2006 en Wallonie», Courrier hebdomadaire, Crisp, n°1946-1947, 2007, pp. 10-11 , qui sont également celles au passé industriel le plus marqué et, aujourd’hui, au taux de chômage le plus élevé.
La puissance que cet ancrage local procure aux mandataires du PS leur permet de s’assurer une réelle proximité avec les citoyens. Ils ont ainsi la possibilité d’écouter les préoccupations de ceux-ci et d’y répondre dans une certaine mesure, notamment par l’amélioration du cadre de vie et la rénovation de certains quartiers. La direction d’une multitude d’organes publics ou semi-publics, du niveau communal à l’échelon fédéral, ainsi que le contrôle de nombreuses sociétés de logement public, permet également à ces mandataires de répondre positivement à des demandes d’emploi ou de logement bon marché qui leur sont adressées. Et c’est bien là toute l’ambiguïté des permanences sociales.Voir l’article de Marc Sinnaeve, « .Ethique de la proximité » dans ce numéro. Si elles permettent indubitablement aux élus de maintenir une vraie proximité avec la population, et en particulier à ses membres qui ont le moins accès à d’autres formes d’expression dans le débat public, elles permettent également, voire suscitent franchement le développement de formes de clientélisme. Ce raisonnement ne s’applique pas uniquement au PS. D’autres formations ont adopté depuis longtemps des pratiques semblables. Cependant, le PS étant le principal parti de Wallonie, il y dispose plus que les autres des positions clés qui lui permettent de jouer sur cette double dimension. Une des conséquences de ce type de pratique est que ceux qui s’estiment lésés par ce type de système, non pas parce qu’ils le jugent illégitime, mais plutôt parce qu’ils n’y ont pas eux-mêmes accès, sont susceptibles de se tourner vers un discours tel que celui des partis d’extrême droite, qui dénonce les passe-droits moins pour ce qu’ils sont que parce qu’ils privilégieraient les «camarades» et, bien sûr, les étrangers. Or, dans un contexte de chômage élevé et de pénurie de logements sociaux, le nombre de déçus d’un tel système ne peut qu’augmenter.
Populaire : à tous niveaux ?
L’accumulation d’un nombre aussi important de mandats politiques et de mandats dérivés fait par ailleurs du PS un parti où la vie politique est souvent érigée en profession, ce qui le coupe partiellement de sa base. Lors du scrutin fédéral de juin 2007, 49% des candidats de ce parti renseignaient leur activité de mandataire politique comme principale source de revenu. Cette proportion passe à 87,5% quand on ne considère plus que les élus. Par contre, ouvriers, chômeurs et pensionnés ne représentaient que 4,9% des candidats et n’ont livré aucun élu R. Dandoy, N. De Decker, J.-B. Pilet, «Le profil des élus et des candidats francophones aux élections fédérales du 10 juin 2007», Courrier hebdomadaire, Crisp, n°1981-1982, 2007, pp. 28 et 51. Cette professionnalisation affecte d’autres pans de l’organisation du parti. Les nombreux collaborateurs politiques du PS travaillant comme attachés de cabinet, attachés parlementaires et membres des services d’études sont recrutés avant tout pour leur profil de technicien, sur la base de leurs diplômes, et non pour leurs qualités militantes. Cela répond à une logique bien compréhensible de consolidation technique du parti. Mais cela contribue aussi à couper l’appareil du parti des couches populaires de la société qui demeurent le socle de son électorat. Tant du point de vue sociologique, puisque les universitaires proviennent relativement peu des milieux modestes, que du point de vue idéologique, les préoccupations et intérêts des uns et des autres étant sensiblement différents. Ces constats nuancent l’image de parti populaire, entendu cette fois comme émanant du peuple Larousse.fr, version populaire.
Le «monde socialiste»
Le succès du PS ne se réduit cependant pas au seul encadrement local des électeurs par les structures du parti. Au-delà du parti lui-même, le «monde socialiste» est incarné par un tissu d’organisations en contact direct avec la population. Qu’il s’agisse des mutualités, du syndicat, de l’organisation de femmes ou d’autres organisations dites d’éducation permanente, ces structures revendiquent leur identité socialiste, parfois jusque dans leur nom. Certaines d’entre elles lancent des appels clairs au vote pour le PS lors des rendez-vous électoraux. Plus généralement, elles entretiennent des contacts plus ou moins étroits avec des cadres du parti, parti dont leurs propres dirigeants sont eux-mêmes membres dans un certain nombre de cas. Cela influence leur action, notamment lorsqu’il s’agit d’adresser des revendications au pouvoir politique. Dans leur communication externe également, cette relation de proximité s’exprime régulièrement. Combien d’affiliés de ces organisations n’ont jamais reçu un périodique édité par celles-ci présentant une interview d’un mandataire du PS ou relatant l’inauguration par l’un d’entre eux de nouveaux locaux de l’organisation ?
Les Femmes prévoyantes socialistes, la FGTB, les mutualités socialistes, Présence et action culturelle… véhiculent en outre un discours, axé notamment sur la solidarité et la protection des plus faibles, qui recoupe très largement celui du PS. Dans les périodes jugées difficiles pour le parti, ces organisations peuvent de ce fait appeler à soutenir celui-ci électoralement en le présentant comme le meilleur défenseur de ces valeurs qu’elles portent elles-mêmes. La campagne de 2009 en a été une illustration assez manifeste, l’Action commune semblant ressusciter dans bien des endroits où elle paraissait décrépite. Ce tissu organisationnel est sans conteste un atout du PS. Si cet encadrement est avant tout pragmatique, il sert également de canal de diffusion de certaines valeurs communes aux différentes composantes du pilier. Certes, c’est dans bien des cas de manière assez légère, et parler d’hégémonie au sens gramscien serait exagéré H. Le Paige, «Introduction», in H. Le Paige, P. Delwit (dir.), Les Socialistes et le pouvoir, Bruxelles, Labor, 1998, p. 15. Mais ce climat, alimenté d’ailleurs par des organisations qui n’appartiennent pas au pilier socialiste, façonne l’électorat wallon, maintenant en bonne place les valeurs défendues – agitées diront certains – par le PS. Tant le MR que les différentes formations d’extrême droite le savent et évitent d’employer une rhétorique trop ouvertement néolibérale dans leurs campagnes électorales. En Flandre par exemple, la culture de l’individualisme et du chacun pour soi semble s’être nettement plus développée.
Valeurs et pratiques
Cette réflexion soulève évidemment la question du lien entre le discours tenu par le PS et son attitude concrète, en particulier dans les cercles de pouvoir auxquels il participe. Depuis trente ans, dont vingt-quatre au pouvoir, le PS a accompagné l’évolution socio-économique davantage qu’il ne semble l’avoir combattue. Il a notamment participé à la résorption des déficits budgétaires sans contribution significative des détenteurs de capitaux, à la mise en œuvre de nombreux sous-statuts précarisant l’emploi, au contrôle accru des chômeurs et des minimexés dans une logique d’activation découlant de la Stratégie européenne pour l’emploi, démarche qui fragilise le salariat dans son ensemble, ou encore au démantèlement et au discrédit des services publics par différents biais (réduction du personnel, privatisation larvée, partielle ou totale, mise en concurrence avec le secteur privé, ou encore gestion similaire à celle pratiquée dans le secteur privé). Plus globalement, malgré sa présence quasi continue au pouvoir, il n’a pu ou n’a réellement voulu empêcher le taux de pauvreté de s’accroître, l’écart entre les revenus du travail et ceux du capital de s’approfondir, les profits des entreprises privées de s’envoler, l’état de santé global de la population la plus fragilisée de se détériorer ou encore les services publics, censés précisément protéger les plus faibles dans une logique de solidarité, de partir à vau-l’eau. Néanmoins, par pudeur, par désespoir, par manque d’analyse ou par cynisme électoral, le PS a maintenu la rhétorique du «sans nous, ce serait pire» Démarche à ce point frappante que quasiment tous les articles constituant ce dossier l’épinglent et a enrobé ces différentes évolutions et leur accompagnement d’un vocabulaire rassurant, presque victorieux, renommant les privatisations «consolidations stratégiques» ou les contrôleurs de l’Onem «facilitateurs». Cela empêche les citoyens d’analyser par eux-mêmes la situation et de pouvoir s’opposer, par des luttes, aux avancées néolibérales. Ainsi, n’a-t-il pas abandonné totalement la référence à l’anticapitalisme, a focalisé ces derniers mois son discours sur la crise «libérale» et s’est présenté en rempart contre le «bain de sang social». Mais qu’y a-t-il au-delà de la rhétorique ? Cette stratégie n’est pas neuve, loin de là. Comme l’a remarquablement montré Marcel Liebman Les socialistes belges 1885-1914, Bruxelles, EVO, 1979. Un classique éclairant et à relire….., cette dialectique est au fondement même du socialisme belge. Dès ses débuts, le POB a organisé la classe ouvrière pour tirer parti de sa force, ce qui nécessitait un discours aux accents radicaux, mais il a limité l’impact de cette puissance et ses conséquences potentiellement dommageables sur le système social en place. Aujourd’hui cependant, comme c’était déjà le cas durant la Première Guerre mondiale pour son ancêtre, le PS n’apparaît plus guère comme nourri par un réel dynamisme combatif populaire en son sein : «Voilà le sommet livré à lui-même, menacé par les tendances conservatrices et par l’inertie bureaucratique qu’aucune poussée populaire n’équilibre plus. L’organisation reste en place, mais la révolte s’est tue, privant le mouvement d’une dynamique encombrante et précieuse» M. Liebman, Les socialistes belges 1914-1918, Bruxelles, La Revue nouvelle/FJJ/EVO, 1986, pp. 66-67.
Dans certains cas, c’est même contre la poussée populaire que le PS agit, et pas seulement en l’absence de celle-ci. Certains moments de crise en témoignent : en 2005, deux journées de grève générale déclenchées par la FGTB, dont l’une menée en front commun syndical, n’ont pas empêché le gouvernement Verhofstadt-Onkelinx de faire adopter son Pacte de solidarité entre les générations M. Alaluf, «Le syndicalisme entre autonomie et reconnaissance», in J. Faniel, C. Gobin, C. Devos, K. Vandaele, Solidarité en mouvement, Bruxelles, CG/AMSAB/ASP, 2009, p. 41.
Pour, avec, contre… le peuple ?
Le PS apparaît donc comme un parti au fait des problèmes des couches populaires, capable de mobiliser celles-ci électoralement – et ce bien davantage qu’Ecolo par exemple, dont le style, la rhétorique et les préoccupations paraissent bien trop «intellos» ou «bobos» pour bon nombre de ces électeurs –, capable de résoudre certains problèmes rencontrés par ces catégories sociales en les traitant au niveau local, de manière pragmatique et ciblée, voire clientéliste, mais qui dans le même temps contribue à l’aggravation des causes profondes des problèmes qui frappent le plus ces couches sociales. La participation du PS au pouvoir le confronte dès lors «au projet dont il se veut porteur et à la possibilité qui lui est ouverte de progresser dans sa réalisation» X. Mabille, «Le Parti socialiste. Evolution 1978-2005», Courrier hebdomadaire, Crisp, n°1867-1868, 2005, p. 62. Autrement dit, que veut-il faire de ce pouvoir qu’il détient ? Aujourd’hui, il ne semble plus guère faire autre chose que d’appliquer, de manière plus ou moins édulcorée, les «bonnes pratiques» néolibérales tout en tentant localement d’essuyer les plâtres de la situation sociale et d’assortir sa pratique d’un discours de gauche. Cette dynamique complexe, manifestement assumée par les dirigeants du parti sans qu’on puisse assurer que tous les membres de l’appareil en ont conscience, explique pourquoi la gauche radicale dispose de si peu d’espace. Ou pourquoi la FGTB continue à se référer principalement au PS comme outil de défense de ses valeurs et relai de ses combats. Effectivement, sans le PS, ce serait peut-être pire. Mais cet enchevêtrement de facteurs permettant au PS de conserver son poids sans devoir se remettre en question empêche également de tenter une autre expérience politique réellement susceptible de proclamer aux couches populaires : «Avec nous, c’est vraiment mieux».