Politique
Le désarroi des Démocrates
01.07.2019
[Chronique américaine publiée dans le numéro 108 de Politique, juin 2019]
Les membres du parti démocrate n’ont jamais accepté la victoire de Donald Trump en 2016. Celle-ci consacre pourtant l’intelligence et la perspicacité du nouveau président qui a su rassembler un vaste électorat autour de sa vision du monde. Bref, ils sont dans le déni ! Depuis son élection, ils se sont réfugiés dans de vagues espoirs d’impeachment, sur fond de théories du complot accusant le président de collusion avec la Russie[1.1 Voir ma chronique «Le complot russe», Politique n°101, septembre 2017.]. Pendant toute cette période, l’énergie nécessaire pour construire un projet politique alternatif à celui de Donald Trump a été siphonnée par le désir de revanche, par le rêve de voir le cauchemar s’arrêter, bref par l’illusion et pas par l’action, par les vues de l’esprit de l’élite démocrate et pas par le combat au quotidien dans la rue, dans la perspective des élections de 2020. Il est plus facile de penser que Donald Trump est la marionnette de Vladimir Poutine que d’accepter sa victoire, et surtout les défaites de 2016 et de 2018 qui, finalement, ont débouché sur un Congrès timidement et très partiellement modifié compte tenu de la personnalité hors norme du nouvel occupant de la Maison-Blanche.
Au regard de l’agenda – la campagne commence dans quelques mois, à un an du scrutin – et face à la multiplication des candidats du côté des Démocrates – une quarantaine dont au moins dix sérieux –, le problème est beaucoup plus grave qu’il n’y parait. Les Démocrates sont tellement attachés à leurs fake news sur l’emprise russe qu’ils ne parviennent pas à accepter les conclusions du rapport du procureur Robert Mueller rendu public en avril dernier, un procureur pourtant unanimement encensé il y a encore quelques mois[2.Le rapport, long et indigeste mais passionnant, est téléchargeable sur le site du département de la Justice : https://www.justice.gov/storage/report.pdf.]. Parmi eux désormais, les conspirationnistes les plus grotesques remettent en question l’intégrité du procureur, voire de la Justice dans son ensemble, les plus habiles doutent seulement des conclusions mais pas du rapport, quand les plus aigris isolent quelques éléments factuels du rapport pour tenter de relancer une nouvelle affaire russe, ou de dévier l’objet du rapport : « Certes, Trump est blanchi mais ce que raconte le rapport est inacceptable… ». On est dans du pur Thierry Meyssan[3.Lire L’effroyable imposture où Meyssan laisse entendre qu’aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone lors des attentats du 11 septembre 2001 et que la CIA est derrière ces derniers.]: pas de démonstration et pas de preuve mais une accumulation de
soupçons sur un temps long pour semer le doute.
Depuis, la base démocrate est fatiguée ! Tout ça pour ça ! Après les manipulations du Democratic National Committee en faveur de Clinton contre Sanders lors des primaires de 2016, voilà une fake news propagée en haut lieu du parti dès le soir de la défaite, pendant plus de deux ans, et relayée notamment dans le New York Times et le Washington Post qui rappellent pourtant en permanence à leurs lecteurs que la «vérité est ancrée dans des faits»[4. «Truth. It’s grounded in facts» selon le slogan du New York Times pour dénoncer les mensonges du président Trump…].
Pendant ce temps, la base républicaine est galvanisée, le président a résisté à la manipulation, à la rumeur et aux théories du complot. Ceux qui hésitaient n’ont plus à s’inquiéter : la campagne «Trump 2020» est bien partie !