Politique
Le chagrin des socialistes
03.01.2013
Pourtant, il faut le reconnaître : les ministres socialistes résistent pied à pied au sein d’une coalition fédérale où la droite domine. Jusqu’à nouvel ordre, la régression sociale est moindre en Belgique que dans les pays voisins. Elle est néanmoins réelle, puisqu’aucune mesure ne vient frapper les revenus du capital, dont les menaces de délocalisation font mouche, tandis que les revenus des salariés et des allocataires sociaux sont effectivement écornés. Le compromis social-démocrate est bien dépassé et les modalités de l’action politique qu’il avait façonnées montrent leurs limites. Ne serait-il pas temps de changer de logiciel ? Avant les élections de juin 2009, la FGTB avait résolument appelé à voter socialiste : « Sans les socialistes – et sans le mouvement syndical pour les appuyer – il ne resterait pas grand chose de la sécurité sociale. Et c’est chaque fois contre les libéraux qu’il a fallu mener ces batailles. »[1.« Choisissez le progrès, votez à gauche ! », Syndicats, 29 mai 2009. Appel signé par le Secrétariat fédéral de la FGTB et les directions des centrales professionnelles.]. Dans un entretien accordé alors à Politique[2.« FGTB : soutien sans allégeance », Politique, n°62, décembre 2009.], Anne Demelenne déclarait : « Le refus net d’Elio Di Rupo d’une éventuelle coalition avec le MR a été apprécié par les militants de la FGTB ». Aujourd’hui, les socialistes sont entrés en coalition avec ces libéraux tellement décriés naguère. Mais évidemment, « sans eux ce serait pire ». C’est sans doute vrai. Mais jusqu’où cet argument va-t-il encore servir ? Du coup, des responsables de premier plan de la FGTB et de la CSC sont en train de changer leur fusil d’épaule. Certains à mots couverts, d’autres ouvertement appellent de leurs voeux l’émergence d’une nouvelle force politique à la gauche du PS et d’Écolo. Les derniers résultats électoraux indiquent que, pour la première fois depuis longtemps, un électorat est disponible dans ce sens. Même si la profondeur de l’ancrage populaire du PS reste sans concurrence, même si l’apport d’Écolo au renouvellement de la culture politique est un indiscutable acquis, l’un comme l’autre ont le plus grand besoin d’une sérieuse émulation sur leur gauche. Celle-ci ferait notamment le plus grand bien à tous ceux et à toutes celles qui, au sein de ces partis, ne considèrent pas que la participation au pouvoir dans n’importe quelles conditions politiques est la seule façon de « prendre ses responsabilités ».