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La démocratie participative en cinq mouvements

Au cours de ce numéro, s’enchaînent les thèmes abordés lors du colloque sur la gestion participative organisé par Solidarité Socialiste et la Fondation pour la solidarité à l’automne 2005.., qui mettent différemment en lumière ce qu’est la participation. Le fil rouge de ce dossier est d’en comprendre le sens, sans l’y enfermer : de par leurs expériences diverses de la participation, les intervenants en démontrent de facto les multiples possibilités d’existence. Un premier article, rédigé par Alexandre Seron, jette les bases d’une compréhension de ce qu’est la participation, de ses liens avec la citoyenneté, des déclinaisons de formes qu’elle peut connaître, des idées toutes faites qu’on porte sur elle. Cinq axes sont ensuite développés. Le premier aborde le développement local, avec un texte de Dominique-Paule De Coster, qui clarifie au fil de son engagement des notions souvent utilisées sous ces vocables : gouvernances, subsidiarité, développement durable. De suite, ces notions sont confrontées aux réalités de terrain dans le Sud. Madieng Seck fait état des centres de développement locaux dans le cadre de la décentralisation au Sénégal. À Casablanca, Abdellah Zaazaa évoque le rôle des associations marocaines dans le développement local. Dans la même ville, un reportage d’André Linard, à Sidi Moumen, dépeint le travail des associations de femmes dans ce quartier d’où sont sortis les kamikazes des attentats de mai 2003. Enfin, en République démocratique du Congo, Didier Kebongo décrit comment, las d’attendre des autorités gouvernementales la solution à leurs problèmes, les gens essayent de se «prendre en charge». Un second axe expose ce que sont les «mécanismes» de gestion participative, tel l’emblématique Budget participatif. Patrick Bodart nous expose en détail comment ce dernier fonctionne. Sur le terrain, Neide Silva décrit la gestion participative de la ville de Recife, avant de relater son expérience d’un échange avec des femmes d’une association congolaise venues pour mieux comprendre les leviers de la participation. Zita Kavungirwa et Nunu Salufa témoignent ensuite à leur tour des différences dans les cultures politiques brésiliennes et congolaises et de la façon dont les institutions jouent leur rôle dans la participation au Brésil. Elles ne sont pas les seules à s’être inspirées de cette expérience brésilienne : des jeunes de la commune bruxelloise d’Anderlecht ont également fait le déplacement pour comprendre la débrouille de leurs contemporains des favelas. À Anderlecht justement, l’équipe d’InfoSud a rencontré André Drouart, échevin à la participation, qui décortique les tenants et aboutissants de la participation dans sa commune. Vient ensuite l’expérience montoise en la matière, relatée par Maude Malengrez. Un processus basé sur une grille d’essais-erreurs pour qui veut connaître les difficultés, les joies et parts de rêve de la mise en œuvre d’une gestion participative de la ville. Enfin, en France, à Bobigny, pionnière de la participation où beaucoup vont se ressourcer, Chrystelle Carroy prend le pouls des jeunes, qui voudraient un nouveau souffle pour la participation, plus à l’écoute de leurs envies. Un troisième axe abordé est celui des droits de l’Homme et de la gestion des conflits. Eric Remacle aborde la participation comme méthode de gestion des conflits et pointe l’ambiguïté de celle-ci à un niveau illusoire de gouvernance mondiale. De Colombie, Clara Ines Restrepo Mesa tente de démontrer que la participation est non seulement est possible à Medellín, tristement célèbre pour les assassinats fréquents qui s’y déroulent, mais qu’en plus elle peut atténuer les causes à la base d’un conflit urbain, même de forte intensité. Christine Renaudat illustre, du terrain, cette expérience colombienne et en dresse le bilan après bientôt deux ans de fonctionnement. Un quatrième axe traite des questions environnementale et culturelle et la façon dont elles sont prises en compte dans des dynamiques de développement local. Joao Alfredo analyse la lutte des paysans et des pêcheurs pour la protection de leurs terres dans l’État du Ceará, au Brésil, et les institutions sur lesquelles elle a débouché. Alors que Leao Lopez expose le travail de l’Atelier Mar au Cap-Vert dont il est président, et la méthodologie qu’il a développée afin d’épargner la vivacité des cultures locales en s’appuyant sur elles pour déterminer les modalités de mise en œuvre du développement. Enfin, un cinquième axe envisage le rôle de la participation dans le tissu économique actuel. Christiane Bouchard détaille l’expérience lilloise d’un plan de développement de l’économie sociale et solidaire, tandis que Thierry Jeantet, directeur d’Euresa, aborde la question des modes de participation en entreprise. InfoSud