Politique
France : De dérapages en surenchères
01.12.2005
Dérapages verbaux, surenchère répressive, démagogie sécuritaire : après l’explosion des banlieues, la France cultive la peur et le pire. Cette semaine le premier ministre de Villepin annonçait une panoplie de mesures durcissant les conditions d’accueil des étudiants étrangers, celles de l’obtention de la nationalité française et du regroupement familial. En ces temps de rivalité présidentielle exacerbée, il faut frapper fort dans ce domaine. Et d’ailleurs de son côté, Sarkozy, spécialiste en la matière, enchaînait, surabondait même en annonçant une nouvelle loi anti-casseur destinée officiellement à réprimer la délinquance mais en fait véritable arsenal liberticide qui rétablit la responsabilité collective lors des manifestations publiques, à l’image d’une loi des années 70, abolie en son temps par l’arrivée la gauche au pouvoir. Et cela au moment où une enquête de la presse dément formellement les propos du ministre de l’intérieur affirmant que 70 à 80% des manifestants arrêtes dans les émeutes avaient des antécédents judiciaires. L’enquête indique tout au contraire que les interpellés étaient des jeunes tout ce qu’il y a de plus « ordinaires », sans passé judiciaire, au parcours scolaire « moyen » et souvent insérés dans des formations professionnelles. Visant l’électorat lepéniste, la droite française a décidé de surfer sur les thèmes et les positions de l’exrême-droite sans tenir compte du danger que cette continuité idéologique fait courir à la démocratie. Ces tambours et ces trompettes avaient été précédés par les incantations « nationale républicaines » du philosophe Alain Finkelkraut indiquant, entre autres, que « le problème est que la plupart de ces jeunes sont des Noirs ou des Arabes avec une identité musulmane ». Il y a un problème ethnique en France, répondait en quelque sorte, un chercheur du CNRS : les origines, la couleur de la peau, les consonances de son prénom, son adresse : tous ces critères conditionnent aujourd’hui des droits aussi divers que l’accès à l’emploi ou l’entrée en boîte de nuit, le phénomène de discrimination est massif ». Alors aujourd’hui le modèle républicain ne fait pas faillite, il oublie tout simplement ses valeurs fondamentales, vous savez « liberté, égalité, fraternité »…