Politique
Les banlieues et l’emploi
24.11.2005
En prenant un peu de recul par rapport aux événements récents, les Français s’interrogent sur les raisons profondes de la révolte des banlieues. Bien sûr aucun phénomène de ce genre ne peut se réduire une seule cause. Mais des chiffres expliquent le pourquoi de l’explosion des banlieues françaises. Ce sont les chiffres de la discrimination sur le marché du travail. Qu’il s’agisse du taux de chômage ou de la nature des emplois occupés, les résultats sont les mêmes. «Le Monde» rappelait, il y a quelques jours, que dans ce domaine les études sont rares car l’exploitation de statistiques basées sur des critères ethniques est interdite par la loi française. Mais il existe cependant l’une ou l’autre étude réalisée par des démographes ou des statisticiens: elles sont révélatrices. Constatation de base: «avoir hérité d’une origine non-européenne constitue un handicap sur le marché du travail que l’accession à la nationalité française n’efface pas». On constate que les jeunes Français d’origine maghrébine sont deux fois et demi plus souvent au chômage que les jeunes français d’origine française, quel que soit leur niveau d’études. On retrouve les mêmes discriminations dans la nature des emplois occupés. Les restructurations ont poussé les jeunes issus de l’immigration vers des emplois de service avec des contrats précaires, courts et mal rémunérés. On peut évoquer de véritables «niches ethniques» de l’emploi: notamment les emplois les plus pénibles et ceux qui exigent une plus grande flexibilité. Bien sur il s’agit d’emplois qui s’adressent à ceux qui n’ont pas ou peu qualification, catégorie surreprésentée parmi les jeunes de la deuxième génération. Mais les chercheurs notent bien que les discriminations restent valables lorsque les niveaux de diplôme sont pris en compte. On a souligné ces dernières semaines les différences de situations et de politique entre la France et la Belgique mais la question de la discrimination à l’embauche est un phénomène qui, lui, dépasse les frontières.