Retour aux articles →

Une vie de chien

Le plus souvent la vie d’un homme politique est une vie de chien. Il ne faut pas avoir peur des mots ni hésiter à le rappeler alors la tempête n’a pas fini de souffler sur ceux qui ont choisi la chose politique comme activité professionnelle. Qui ont choisi et qui aussi ont été choisis par l’ensemble des citoyens. Etre représentant du peuple, à quelque niveau que ce soit, exige du courage, de l’abnégation, des sacrifices que consentent l’immense majorité des élus. Certes les bénéfices narcissiques ne sont pas absents du métier de représentation et les rémunérations ne sont pas négligeables même si à responsabilités comparables celles du secteur privé sont d’une tout autre ampleur. La fonction est exigeante et on a raison d’exiger beaucoup de ceux qui la remplissent. Comme il est indispensable, et tout simplement démocratique, de dénoncer les dérives d’un système où les locataires provisoires du pouvoir en viennent à se comporter en propriétaires abusifs. On a déjà dit on dira encore un peu partout, et avec pertinence, la nécessité impérieuse d’une révision fondamentale des règles et des comportements en matière de responsabilité publique. Il ne s’agit pas sous-estimer ou de relativiser la gravité des faits en cause mais simplement de rappeler quelques évidences sur le métier politique, quant à notre responsabilité collective dans quelques dysfonctionnements et plus largement sur l’air du temps. L’activité politique est tout la fois éreintante, usante et frustrante. A l’homme politique on reproche tout à la fois son omnipotence et son impuissance : ce qui est moins contradictoire qu’il n’y paraît. Il n’est pas inutile de souligner, par ailleurs, que le clientélisme justement vilipendé suppose des partenaires. La déviance anti-démocratique n’est pas unilatérale : pour qu’un passe-droit soit accordé il faut qu’il ait été sollicité. Enfin la politique n’a pas échappé à la marchandisation généralisée de notre société. Les valeurs du marché qui, depuis un quart de siècle, dominent les esprits et imposent leurs lois à tout activité humaine ne sont pas de celles qui s’embarrassent d’éthique. On ne peut l’oublier ni dans la dénonciation des scandales ni dans les tentatives d’y remédier.