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Un renard dans le poulailler…

Il y a quelques années, dans la « Grande Désillusion » un ouvrage devenu un best seller, Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’Economie écrivait ceci : aujourd’hui le FMI et la Banque Mondiale « sont devenus des acteurs dominants de l’économie mondiale. Les pays qui sollicitent leur aide, mais aussi ceux qui recherchent leur « approbation » pour avoir une meilleure image sur les marchés financiers internationaux, doivent suivre leurs prescriptions économiques, lesquelles reflètent leur idéologie et leurs théories. Le résultat a été pour bien des gens la pauvreté, et pour bien des pays le chaos social et politique » ajoutait Stiglitz qui savait de quoi il parlait puisqu’il avait été lui-même vice président de la Banque mondiale avant d’en démissionner pour protester contre une politique aussi injuste qu’inefficace. Et voilà que selon la décision de Georges Bush, la direction de cette Banque Mondiale va être confiée à Paul Wolfowitz, secrétaire adjoint à la défense, artisan de la guerre en Irak, chef de file des néo conservateurs américains et principal inspirateur de l’idée de la croisade du «bien contre le mal». C’est beaucoup pour un homme qui est censé s’occuper de la lutte contre la pauvreté et notamment du financement des pays non développés. Depuis la fin des années 80 Banque mondiale et FMI travaillent de concert pour imposer aux pays demandeurs de crédit des programmes d’austérité et de privatisations qui ont abouti à des catastrophes tant sociales qu’économiques. De plus, de l’avis de tous les spécialistes, Paul Wolfowitz ne peut se targuer d’aucune expérience dans le domaine. Mais le président américain entend imposer une décision qui est lourde de sens symbolique et politique. Les discours d’ouverture de Georges Bush lors de sa récente tournée européenne sont déjà loin. Si les Européens n’ont guère apprécié, ils ne prendront pas le risque d’un affrontement, notamment parce qu’ils attendent eux-mêmes quelques nominations importantes dans des organisations internationales. Les ONG évoquent une «provocation» à propos de cette désignation. Le Financial Times, lui, bien loin des outrances alter mondialistes, parle de « triste choix » qui revient à « mettre un renard dans un poulailler».