Société
Édito. Le monde à l’envers
19.03.2025

Un Politique peut-il tenir trois mois en rayon quand les bouleversements se font quotidiens ? Depuis le numéro hiver 2024-2025, combien de pages tournées ? Prenant à rebours la formule thatchérienne, les mille et uns rebondissements de l’actualité démontrent qu’il y a des alternatives, souvent renversantes, pour le meilleur… et pour le pire.
En attendant le meilleur, observons la multiplication des retournements. À Bruxelles, un nationaliste flamingant occupe le 16 rue de la Loi, tandis qu’à Washington, un président aux arguments poutiniens campe à la Maison-Blanche. Des atlantistes convaincus se convertissent en eurosouverainistes tandis que des souverainistes deviennent pro-américains. Il y a de quoi en perdre son latin. Sans parler de cette épidémie de bras levés des deux côtés de l’Atlantique, qui n’ont de romain que le fascisme italien.
Mais il y a aussi tout ce qui ne change pas. À côté du parti libéral (MR), qui est devenu en peu de temps le moins libéral de tous les partis démocratiques belges, il nous reste Les Engagés, qui n’ont pas encore manifesté d’engagement depuis leur fondation, ce qui représente une belle stabilité, valeur cardinale pour un parti centriste. On aurait pu croire que les écarts du président du MR avec les vérités élémentaires, la bienséance, le cordon sanitaire, auraient mobilisé leur partenaire de coalition. Il n’en est presque rien pour l’instant. Mais la législature sera longue… on le sait.
Des atlantistes convaincus se convertissent en eurosouverainistes tandis que des souverainistes deviennent pro-américains.
Pour user de la formule de Marx – qui parlait, lui, de la dialectique hégélienne –, si le monde marche sur la tête, il s’agit de le remettre sur ses pieds. Dans cette perspective, les lecteurs seront bien inspirés de lire notre dossier principal, portant sur les hommes et le féminisme. La première photo de famille de notre nouveau gouvernement fédéral, avec quelques femmes reléguées à l’arrière-plan, indique assez la longueur du chemin qu’il reste à parcourir.
Ainsi, c’est pour faire émerger des alter natives désirables que la revue Politique s’attache à promouvoir l’analyse et la discussion politique en Belgique francophone, dans une perspective progressiste, avec un succès qui ne se dément pas. Le renouveau est affaire de long terme. Pour la revue, pour la gauche, pour le monde. Il part de la réflexion, de l’analyse, du débat, des rencontres, de l’organisation. C’est ce à quoi nous cherchons à contribuer, afin de permettre d’entrevoir un monde meilleur pour les futures générations.