Politique
Écolo : le retour du « ni-ni » ?
22.04.2005
Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage. Qui veut quitter Écolo l’accuse (au choix ou en vrac) d’abandonner ses propres principes, d’être devenu un parti comme les autres ou de virer au centre-droit. Quand les Verts avaient le vent en poupe, on entendait moins les voix discordantes. Depuis que le thermomètre électoral a ramené Écolo au statut pourtant nullement méprisable de parti d’appoint, les langues se délient. Dans le concert, on trouve des idéalistes convaincus que, si on les avait écoutés, la catastrophe eut été évitée, des fatigués qui cherchent une porte de sortie élégante et des pragmatiques qui sont tentés d’aller voir ailleurs. C’est humain. L’anniversaire des 25 ans du parti vert sembla donner raison à certains critiques. Il fut en effet affirmé que désormais Écolo n’aurait plus d’allié privilégié et que, définitivement, les «convergences à gauche» avec le PS étaient enterrées. Retour au «ni gauche ni droite»? Tu parles d’une info! Cet enterrement ne date pas d’hier. L’encre des convergences signées en septembre 2002 était à peine sèche qu’elles étaient déjà dénoncées par une partie, sans doute majoritaire, de l’état-major des Verts. Peu de temps après, ses deux principaux défenseurs au sein d’Écolo, Jacques Bauduin et Luc Carton, disparaissaient sans explication. En cause : un désaccord tactique majeur. Pour ses adversaires verts, un axe PS-Écolo, en tant qu’alliance entre partenaires inégaux, ne pouvait profiter qu’aux socialistes en privant les Verts d’un espace suffisant de différenciation. Et pourtant, à l’époque, le rapport de force n’était encore que de 1 à 2. Il est aujourd’hui de 1 à 4. À la veille des élections communales, la «liberté politique» réaffirmée par Écolo signifie simplement que, si le PS peut faire alliance avec n’importe qui (ce qui semble avéré même si Elio Di Rupo ne manque aucune occasion d’indiquer ses préférences), pour Écolo c’est itou. Mais il y a loin du principe à la pratique. Si demain les Verts devaient prêter la main à la constitution de majorités de centre-droit dans quelques grandes villes et communes, c’est alors que la fronde gronderait. Car sauf pour quelques myopes, le profond ancrage à gauche de la majorité des écologistes ne fait désormais plus aucun doute.