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Donald Trump élu. Un fasciste à la Maison blanche ?

(Gage Skidmore from Peoria, AZ, United States of America – Donald Trump, CC BY-SA 2.0,)
(Gage Skidmore from Peoria, AZ, United States of America – Donald Trump, CC BY-SA 2.0,)

C’est officiel, Donald Trump sera le nouveau Président des États-Unis. Mais est-ce le retour d’un fasciste à la Maison blanche, comme on l’entend ça et là ?

Pour répondre à cette question, il est nécessaire d’en poser une autre : qu’est-ce, au fond, que le fascisme ?

Premièrement, dans le discours politique, le terme « fascisme » est souvent utilisé comme une insulte, une attaque visant à discréditer, diaboliser ou déstabiliser un adversaire. « Fasciste », « facho ».

En dehors de cet usage rhétorique, le fascisme possède également des définitions précises.

Une réalité historique

D’un point de vue historique, le fascisme renvoie une période spécifique de l’histoire européenne. Né en Italie, il s’agit d’un système politique nationaliste et totalitaire instauré par Mussolini en 1922. Ce modèle italien a inspiré d’autres systèmes tels que l’Allemagne sous Hitler, l’Espagne sous Franco… Le fascisme peut être perçu comme un mouvement visant à mobiliser la société sous l’influence d’industriels et de propriétaires désireux de rétablir « l’ordre ».

D’un point de vue idéologique, fondé sur une liste d’éléments structurants, Umberto Eco développe le concept d’Ur-Fascisme. Selon lui, le fascisme n’est ni limité dans le temps ni à un pays particulier. Différents phénomènes peuvent et doivent être interrogés et analysés. Parmi les caractéristiques identifiées :

Le culte du chef, le respect des traditions, le rejet de la modernité, l’appel à l’action pour l’action, le refus de l’esprit critique, le racisme, le nationalisme, la guerre permanente, l’élitisme populaire, l’appauvrissement de la langue, l’appel à un héros, l’antiparlementarisme, le machisme…

Le fascisme aux Etats-Unis

Ces éléments ne sont pas tous présents dans les discours de Donald Trump mais certains attirent néanmoins notre attention. De plus, comme l’explique Sylvie Laurent, historienne et chercheuse associée à l’Université de Harvard, le fascisme se définit, aussi, comme une alliance du capitalisme et du racisme. Il n’est pas limité à une définition européocentrée.

En ce sens, le fascisme est lié à la colonisation et il fait aussi partie intégrante de l’histoire américaine depuis ses débuts. L’invention américaine, du rêve américain, de l’idéal américain, repose sur la conquête, sur la colonisation, sur l’accumulation indéfinie de richesses et la domination de peuples considérés comme, soi-disant, « inférieurs » (esclavage, ségrégation).

Les États-Unis seraient ainsi en permanence confrontés à une forme de fascisme historique, parfois latent, parfois se réveillant. Dans ce contexte, Donald Trump et l’évolution idéologique du Parti républicain méritent une attention particulière.

Alors, dites-moi comment vous définissez le fascisme, et je vous dirai si Donald Trump est fasciste ou non. Mais rappelez-vous une chose, la qualification de fascisme et de fasciste ne doit pas être un anathème… ni un tabou.

Article en collaboration avec PopEx (Comprendre le populisme, l’extrémisme & le complotisme) : lien youtube, facebook et spotify.