Politique
Diversité
30.10.2008
DIVERSITÉ : fruit d’une mutation terminologique parmi les plus remarquables, la diversité s’est à présent substituée à la discrimination. Alors que l’auteur de discriminations s’expose à des poursuites et peut être incriminé de ce fait, celui qui favorise la diversité est au contraire valorisé. La discrimination doit être combattue au nom de l’égalité des droits. Elle concerne par exemple l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes, l’origine ethnique, l’orientation sexuelle et les convictions politiques ou religieuses. La diversité au contraire exalte les différences. Au lieu de revendiquer des droits elle prône la juxtaposition des différences. Elle est le prolongement de l’établissement de statistiques ethniques. Une entreprise qui discrimine une catégorie de candidats à l’embauche pourra être dénoncée, voire même poursuivie. Si elle cherche à diversifier son personnel, son comportement devient au contraire louable. Si l’entreprise occupe déjà par exemple un «trop grand nombre de Marocains», n’est-il pas légitime de ne plus engager des candidats issus de cette origine ? Ainsi, la rivalité entre les salariés développée dans les entreprises par les méthodes d’évaluation, de recrutement et de promotion du personnel pourra-t-elle bénéficier d’un champ nouveau en exacerbant la concurrence entre «communautés». La diversité est à présent une composante majeure du discours managérial. Elle permet de désigner une politique d’embauche, améliore l’image de l’entreprise et devient un argument de vente pour ses produits. En aucun cas, elle ne peut être confondue avec l’égalité. L’égalité au contraire ne s’assimile pas à l’identité. Elle refuse que les identités différentes ne fondent un ordre hiérarchisé. Lorsque la diversité se substitue à la discrimination, c’est la différence qui remplace l’égalité. On comprend pourquoi, si l’on veut se faire valoir, il vaut mieux parler de diversité plutôt que de discrimination, de racisme et d’exploitation, qui font assurément tache.