Ces dernières années ont été marquées par une montée en puissance du sentiment d’urgence climatique. Au rythme des canicules ordinaires, des inondations qui meurtrissent ou des rapports du Giec qui se succèdent inlassablement, la « crise environnementale » est devenue une réalité politique tangible pour le plus grand nombre. Mais les solutions tardent ou déçoivent. Les institutions politiques semblent dépassées par un problème insoluble, en Belgique encore plus qu’ailleurs : il faudrait engager une transformation radicale – technologique, économique, culturelle, sociale, bref politique – que les inerties partisanes et les équilibres communautaires précaires rendent improbables. Au même titre que les conséquences d’une conception bornée de l’économie comme croissance infinie qui est encore tenace.

Face à l’impuissance des États et des moyens d’expression politiques classiques, de plus en plus de citoyen.es et de militant.es passent à la désobéissance civile. En Belgique, nous avons connu les marches climats de la jeunesse, les actions de groupe comme Extinction Rébellion ou encore la Zad d’Arlon. En Europe, ces conflits ont pris une tout autre dimension, comme on l’a encore vu récemment, en France, avec la marche contre les méga-bassines violemment réprimée à Saint-Soline ou encore, en Allemagne, avec les occupations contre l’extension des mines de charbon déjà immenses à Lützerath.

Si ces techniques sont vieilles comme les mouvements sociaux, et si la violence de la contestation paraît de nos jours bien tiède, elles n’en finissent pas moins d’interroger. La désobéissance civile est-elle efficace ? Y a-t-il une bonne et une mauvaise désobéissance ? Est-elle un outil pour les mouvements écologistes ? Ou une balle dans le pied, suscitant la désapprobation de l’opinion ? D’un point de vue moral, où se trouve la limite à l’illégalité ? Face à l’urgence, Politique ouvre le débat et la réflexion.

Sommaire

« L’art ou la vie ? », Caroline Sägesser
Quand le féminisme répond à la violence par la violence, Camille Wernaers
Le mouvement climat doit assumer son aile radicale, Merlin Gevers
« La désobéissance est pour moi une pratique quotidienne », un entretien avec Elouan Gomez
Le sabotage écologiste, écho du drame environnemental, Thibault Scohier