Politique
Critique artistique du pouvoir et théâtre-action : le « Parc fou »
24.12.2021
Au début des années 1970, en lien avec le projet urbanistique de « World Trade Center (WTC) » qui aboutira un peu plus tard à la destruction du quartier Nord, il était question de créer une nouvelle autoroute de pénétration reliant Zaventem au WTC en traversant Schaerbeek, notamment le long du parc Josaphat. Des habitants, soutenus par le collectif artistique Algol, s’y opposèrentet réalisèrent différents happenings théâtraux et musicaux qui culminèrent lors de l’événement qui secoua tout Schaerbeek en mai 1971 : le Parc fou.
Une manifestation qui s’intégrait dans tout un programme conçu conjointement par le Théâtre 140 et le collectif Algol sous le titre générique de « Schaerbeek au théâtre et dans la rue ». Comme le souligne Bernard Hennebert dans Consoloisirs, ce sera un concentré inouï d’humour, de critique artistique et d’analyse du pouvoir. Ainsi par exemple, un mini-tronçon d’autoroute en béton fut inauguré par un faux bourgmestre, un faux cardinal et une vraie fanfare devant le kiosque à musique. Les habitants furent ensuite invités à le détruire à la masse…
Cet événement, largement ouvert à d’autres collectifs (Yucca, Mass Moving) et aux interventions d’associations et d’habitants, a aussi été marqué par les premières performances politico-écologiques en Belgique : fléchage de la nature, transformation d’un étang en fausse piscine olympique, musée de la
nature, pose de papiers peints à fleur dans
le kiosque…
Comme c’était une période très marquée par les événements de Mai 68, il s’agissait aussi de briser les interdits : pose de couvertures à damiers bleus sur l’herbe verte ponctuées de champignons géants invitant le promeneur à s’y étendre, érection d’un « mur de la liberté »… On peut revoir cet ensemble de manifestations « Un printemps à Schaerbeek » dans les archives de la RTBF sur le site de la Sonuma.