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En débat. Cours de religion, un outil essentiel au vivre-ensemble

©Montage Politique – Photo Felipe Schiarolli (UnSplash) – Illustrations Simpacid
©Montage Politique – Photo Felipe Schiarolli (UnSplash) – Illustrations Simpacid

Sous couvert de vivre-ensemble, c’est le contraire qui est progressivement mis en place : exclusion des religions, augmentation de la pénibilité du métier d’enseignant et atteinte à la dignité des travailleurs et travailleuses.

Y a-t-il encore une place pour l’éducation spirituelle, dans l’enseignement officiel ? Soyons honnêtes, « sortir » le cours de religion et morale de la grille horaire, reviendrait à condamner à court terme son existence même. Et pourtant, vivre ensemble avec des options différentes, c’est exercer la tolérance et sauvegarder le libre arbitre.

Des arguments qui n’en sont pas

Bannir l’option philosophique dans l’enseignement, pour ne pas avoir soi-disant de «séparation», constitue un discours complètement utopique, quand on sait pertinemment bien qu’au sein de leur parcours éducatif, les élèves auront toujours des moments de séparation dans des groupes artistiques, sportifs, linguistiques, etc.

Au contraire, nous devons absolument investir dans une éducation qui valorise la connaissance de soi et de l’autre en profondeur, et non pas superficiellement, en éliminant ainsi la peur des différences. Vivre ensemble, malgré les moments de séparation, pendant le choix d’une option, c’est ainsi qu’on cultive nos richesses culturelles et racines familiales tout en participant au projet commun et au bien commun. C’est précisément pour cette raison que les cours de religions et morale sont complémentaires au cours de citoyenneté !

Une richesse en péril

On ne peut pas ignorer que les cours de religion et de morale constituent des cours de culture générale et civilisationnelle, porteurs d’une immense richesse, constituée au fil des siècles, dans la littérature, la poésie, la musique, la peinture, la calligraphie et l’architecture, qui font partie du patrimoine mondial que l’on retrouve dans les villes, les bibliothèques et les musées du monde entier. La boussole de ces cours s’oriente aux valeurs universelles et leur démarche n’est pas narrative, mais explicative et descriptive, ce qui permet de décrypter et décoder les textes, développant ainsi l’esprit critique de l’élève.

Les enseignant·es sont des agents de terrain, ils sont à l’écoute des élèves, et réalisent un travail social.

Par ailleurs, les enseignants et enseignantes sont des agents de terrain, qui réalisent un travail social. Ils et elles sont à l’écoute et à l’accueil des élèves. Sans parler des primo-arrivants, qui voient en eux et en elles des personnes légitimes, grâce à leurs connaissances historiques, culturelles, et religieuses. Cette participation et facilitation à l’intégration des élèves et de leur famille dans la société belge est certainement une valeur ajoutée !

Loin des grands mots, la réalité du terrain

Malheureusement la réalité est toute autre pour les enseignants et enseignantes des cours de religion et morale, car les décisions politiques des dernières années d’ajouter et financer un nouveau cours à leur détriment, ont eu, et continuent d’avoir, des conséquences profondément négatives et délétères sur leur vie professionnelle et privée.

Tout d’abord, la perte des heures de travail provoquant une multiplication d’écoles à arpenter pour pouvoir continuer à travailler décemment, à temps plein. Ensuite, les innombrables déplacements, les enseignants et enseignantes devant se rendre dans plusieurs écoles différentes, souvent au cours d’une même journée. Enfin, les conditions de travail, au sein des écoles, sont profondément inconfortables, en raison d’un manque de locaux disponibles, obligeant souvent à donner cours dans des couloirs, des réfectoires… Il en va de la dignité des travailleurs et des travailleuses. Ce qui est en jeu, dans ce bouleversement, c’est le vivre-ensemble que l’on prétendait justement renforcer par ces réformes supposément «inclusives», mais qui excluent progressivement les religions, et augmentent considérablement la pénibilité des conditions de travail de nos enseignants et enseignantes.

Face aux bouleversements géopolitiques mondiaux, est-il vraiment avisé de s’attaquer à un outil essentiel comme peuvent l’être les cours de morale et de religions ?

De plus, l’ensemble de ces décisions a aussi un effet catastrophique sur l’organisation des horaires dans les établissements dû aux restrictions budgétaires imposées au cours de religion et morale. Concrètement, elles rendent souvent obligatoire le regroupement des classes par degré dans les écoles primaires. Par conséquent, les élèves se voient contraints de quitter leurs classes pendant les cours (mesures complètement discriminatoires pour les élèves et un casse-tête annuel pour les directions des écoles, dans l’organisation des horaires).

Invoquer ces arguments pour accélérer la réforme des cours philosophiques serait le comble de l’ironie tant nous, travailleurs et travailleuses, enseignants et enseignantes avons déjà donné !

Un cours plus que jamais nécessaire

Face aux bouleversements géopolitiques mondiaux et aux questions posées par la politique extérieure de l’Union concernant l’immigration, est-il vraiment avisé de s’attaquer à un outil essentiel et déjà existant, comme peuvent l’être les cours de morale et de religions ? A-t-on réfléchi aux conséquences, si jamais ce cours venait à disparaître, amenant ainsi les jeunes élèves à chercher et trouver leurs réponses sur les réseaux sociaux, sans guide, sans décryptage et sans explication? C’est aussi une question de démocratie, puisque, tant les enseignants et enseignantes, que la grande majorité des parents et des élèves majeurs, s’opposent à la disparition de l’option obligatoire et à la relégation des cours optionnels hors de la grille horaire. En démocrates éclairés par nos valeurs et notre histoire, nous savons néanmoins qu’il n’est jamais trop tard pour se faire entendre et faire vivre les mille et une couleurs, les multiples sagesses, qui font la beauté et la richesse de notre pays.