Politique
Allocation universelle
28.08.2013
ALLOCATION UNIVERSELLE : Elle consiste à verser un revenu fixe et inconditionnel à toute personne en remplacement partiel ou complet des prestations sociales. L’octroi d’un tel revenu qui compte des partisans aussi bien à droite, dans les milieux ultralibéraux, qu’à gauche, dans les groupes alternatifs, serait une réponse à la crise de l’état providence. Elle permettrait selon ses promoteurs de desserrer l’injonction à l’emploi qui pèse sur les chômeurs, de baisser le coût du travail, de créer de l’emploi et de rétablir la compétitivité, tout en autorisant des modes de vie alternatifs pour ceux qui le souhaitent. L’intérêt que suscite l’allocation universelle dans les milieux de droite est bien compréhensible. Le revenu de base constituant déjà une partie des revenus du salarié l’employeur pourrait en faire l’économie, diminuant d’un montant équivalent son « coût salarial ». De plus, l’octroi d’une allocation universelle permettrait à l’état, en accord avec la doxa libérale, de se désengager de la politique sociale et d’attribuer aux groupes les plus fragiles, en raison du bénéfice d’un revenu de base, l’entière responsabilité de leur sort. Certains libéraux s’ils ne sont pas acquis à l’idée, jugent l’allocation universelle préférable au système actuel de protection sociale affublé, selon eux, de tous les défauts. Le revenu inconditionnel a comme avantage majeur pour les employeurs de remplacer les minima sociaux (RIS, allocations de chômage, garantie de revenu aux personnes âgées – Grapa). Les salaires proposés doivent être en effet plus élevés que les revenus procurés par les minima pour que les emplois restent attractifs. On comprend que la droite préfère un revenu de base qui constitue une subvention à l’emploi, aux minima sociaux qui sont une barrière à la baisse des salaires. L’enthousiasme de certains milieux de gauche pour l’instauration d’une allocation universelle paraît par contre surprenant. Remplacer un système de protection sociale financé principalement par les cotisations et reposant sur la solidarité salariale par une rente versée par l’état et financée par la fiscalité apparaît comme une machine de guerre contre l’état social. De plus, un montant versé sans condition à toute personne ne peut être que médiocre et ne peut assurer l’indépendance économique des bénéficiaires. Ceux-ci seraient obligés d’accepter du travail à n’importe quel prix pour arrondir leur allocation. Il en résulterait une prolifération de « boulots » mal payés. Le revenu inconditionnel contribue ainsi à institutionnaliser le « précariat ». La logique d’une allocation universelle financée par l’impôt conduit à juxtaposer un dispositif public fiscalisé (l’allocation universelle) à des régimes professionnels préfinancés par ceux qui ont la possibilité d’épargner. L’allocation universelle pour tous coexisterait ainsi avec des fonds de pension et des assurances privées pour ceux qui en ont les moyens. La protection sociale consisterait en conséquence à terme dans l’assistance de l’état aux pauvres par une allocation universelle et un système d’assurances privées basé sur l’accumulation financière pour les plus aisés. On renouerait de cette manière avec la logique libérale basée sur le droit de tirer de son travail une propriété privée et à un minimum de revenu assuré par l’état pour les autres. L’état social a déjà permis à travers les minima sociaux, les pensions de retraite, les allocations familiales, les bourses d’études… de découpler revenu et travail. Ne faudrait-il pas plutôt approfondir cette brèche que succomber au piège de l’allocation universelle ?