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À peine élu·es, ils et elles changent de parti

Montage Politique – Illustration de fond © iStock : Den Kuvaiev
Montage Politique – Illustration de fond © iStock : Den Kuvaiev

Feuilleton assez inédit, en particulier à Bruxelles, où suite aux élections régionales et communales, des mandataires quittent leur parti à peine le vote passé.

Les plus emblématiques à Bruxelles sont sans doute Ange-Raïssa Uzanziga et Ludivine de Magnanville. La première, suppléante Groen au parlement régional, passe à la Team Fouad Ahidar. Ce faisant, elle menace potentiellement la future majorité néerlandophone qui perdrait un siège si elle était amenée à l’occuper.

La seconde, Ludivine de Magnanville, a annoncé rejoindre la future majorité et le groupe MR plutôt qu’être confinée dans l’opposition chez Défi, qui lui avait pourtant offert l’opportunité d’une place éligible, alors qu’elle n’avait pas d’expérience politique.

Depuis, les épisodes se succèdent à l’échelle communale : l’ancienne bourgmestre de Forest a annoncé siéger comme indépendante, alors qu’un élu anderlechtois a quitté le MR pour finalement rallier le PS. Une élue de cette liste a rejoint la Team Fouad Ahidar, tandis que trois représentants de ce parti à la ville de Bruxelles ont décidé de le quitter et de siéger comme indépendants.

En Wallonie, un élu de Sambreville a également choisi cette voie, ce qui a permis de faire basculer la majorité, tandis qu’une élue socialiste de Wallonie picarde, déçue, a décidé de quitter le parti en rendant son mandat, ce qui est nettement plus exceptionnel.

Des transfuges aux raisons diverses et personnelles…

Des départs en cours de législature ne sont pas rares. Le plus souvent, les élus et élues partent avec « leur » mandat, c’est-à-dire qu’ils et elles continuent de siéger mais sous une étiquette indépendante, avant d’éventuellement rejoindre un autre parti afin de préserver ou multiplier leurs chances lors de l’élection suivante.

Plus rarement, les transferts ont directement lieu d’un parti à l’autre, ou plus précisément d’une liste à l’autre, certainement au niveau communal où les frontières partisanes sont moins nettes. La réelle nouveauté réside dans le timing des changements. Ils interviennent en début de mandature, au surlendemain des élections, alors même que les nouvelles assemblées n’ont parfois pas encore été réunies.

La réelle nouveauté réside dans le timing des changements.

Ces individus peuvent siéger comme indépendants, car ils ne se retrouvent plus dans la politique de leur parti d’origine, suite à un conflit avec la direction du parti, ou encore parce qu’ils en ont été exclus. Il est également possible qu’un autre parti leur fasse miroiter de meilleures opportunités, notamment parce que leur siège est décisif.

…et aux conséquences parfois notables

Pourtant, en Belgique, l’attribution des sièges se fait d’abord entre les listes, et ensuite seulement entre les candidats et candidates au sein d’une liste. Rappelons que, sur leur bulletin, les électeurs et électrices peuvent faire le choix de voter en case de tête ou de manière préférentielle pour un ou plusieurs noms de la liste.

Le « pot commun » est ensuite répartis entre les candidat·es selon l’ordre de présentation de la liste, permettant ainsi de faire élire certaines personnes qui n’auraient pas bénéficié de suffisamment de voix de préférence. Par ailleurs, le parti offre un cadre à la liste, une certaine visibilité, notamment grâce à la présence du logo ou aux relais militants. Dans ces circonstances, il peut être difficile de considérer que le siège obtenu appartienne à la personne élue plutôt qu’à la liste, or aucun mécanisme n’existe pour rendre le siège au parti qui va pâtir de la défection.

La notion même de transfuge renvoie à l’idée de trahison.

En effet, un siège manquant peut avoir un impact sur une majorité. C’est pourquoi on estime généralement qu’une courte majorité est peu envisageable car potentiellement trop instable. L’impact peut également se porter sur l’organisation du groupe politique : constitution d’un groupe parlementaire, droit à des collaborateurs et collaboratrices, place en commission, temps de parole,…

Enfin, il ne faut pas négliger l’impact sur la confiance envers les politiques. La notion même de transfuge renvoie à l’idée de trahison. Immanquablement se posera la question du bien-fondé de la confiance qu’on accorde à nos mandataires1. Le monde politique belge n’a sans doute pas besoin de voir son image un peu plus écornée par un tel feuilleton à la Dallas avant même l’installation des nouveaux conseils communaux, même si on peut supposer (espérer ?) que la durée de la mandature entraîne l’oubli de ces péripéties.