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Quel vote à gauche pour 2024 ? (3/3) « Je voterai Écolo parce que nous n’avons plus de temps à perdre »
03.06.2024
Pour les élections du 9 juin 2024, la revue Politique a demandé à des citoyens et citoyennes de gauche, proches de partis politiques, de défendre leur choix de vote. Pour Anaïs De Munck le vote écolo est le seul à incarner un projet progressiste global et cohérent. Il s’impose donc plus que jamais face à l’enchevêtrement des multiples crises auxquelles nous sommes confrontés.
Ce 9 juin, je me rendrai dans les urnes pour la deuxième fois de ma vie. En votant à 26 ans, je souhaite que mon bulletin soit à la hauteur des défis multiples qui nous attendent. C’est pour cela que j’ai choisi de voter écologiste, à tous les niveaux de pouvoir.
La question écologique est l’enjeu social de ce siècle. Comment faire autrement que de voter avec son temps ?
Voter pour un État social-écologique
Si nous sommes dans la même tempête, nous ne sommes pas tous dans le même bateau. Les personnes précaires ont été les plus touchées par les inondations en Wallonie. Il y a une différence de cinq ans d’espérance de vie entre Saint Josse et Woluwe-Saint-Pierre due à la mauvaise qualité de l’air et beaucoup ne pourront se payer une voiture électrique individuelle. Il nous faut une transition juste, qui nous permette de repenser nos solidarités et donner un nouveau souffle à l’État Providence. Cela implique des politiques qui mettent la question du Care au centre de nos préoccupations : garantir une vie digne, développer de nouvelles formes de prospérité, redonner du sens au travail, défendre l’accès à la santé et à la culture, assurer le respect des droits des personnes LGBTQIA+ et racisées… En somme, un État qui prend soin des citoyens et du vivant, un État social-écologique.
Ces propositions s’inscrivent dans un projet de société qui répond à l’urgence climatique et sociale. Nous savons que le coût de l’inaction est plus élevé que celui de la transition, et Écolo est le seul parti qui défend une action systémique à la hauteur de cet impératif.
Monter au pouvoir pour le partager
Alors que partout l’extrême droite monte au pouvoir avec le soutien des partis traditionnels (comme, les socialistes slovaques ou les libéraux néerlandais), la culture de la concertation sociale et le renforcement de la société civile organisée sont un vaccin contre la montée des discours de haine et les programmes réactionnaires. Si je vote, c’est aussi pour un parti qui soutiendra les associations qui développent une culture démocratique et créent du lien social, et qui s’appuiera sur la société civile pour construire les rapports de force nécessaires aux changements d’ampleur. Tout au long de cette législature, Écolo a démontré sa capacité à faire de « la politique autrement » plus qu’un slogan.
Sans entrisme ni clientélisme, Écolo ne s’invite pas dans les corps intermédiaires pour les vampiriser ou les rendre dépendants mais les soutient de l’extérieur, respecte leur autonomie et s’est toujours montré prêt à intégrer leurs revendications.
En intégrant les syndicats, les mutuelles, le monde académique et les associations à la décision publique, les verts ont montré leur attachement aux contre-pouvoirs et leur ouverture à dialoguer avec eux. Institution de groupes d’experts climat à la Région bruxelloise, États généraux de la transition juste au fédéral, attributions de subsides à tous les niveaux de pouvoir pour renforcer les corps intermédiaires, écriture d’un programme en concertant un grand nombre d’associations… Sans entrisme ni clientélisme, Écolo ne s’invite pas dans les corps intermédiaires pour les vampiriser ou les rendre dépendants mais les soutient de l’extérieur, respecte leur autonomie et s’est toujours montré prêt à intégrer leurs revendications dans son action publique. Si Écolo monte au pouvoir, c’est pour le partager.
Le courage de gouverner
Un vote utile pour la gauche est un vote qui favorise des partis qui pourront mener la bataille politique et culturelle, peser dans des négociations gouvernementales, protéger les droits acquis et orienter les moyens de l’État vers la transition écologique et sociale.
Si nous pouvons légitimement nous questionner sur la capacité à peser dans des coalitions, il faut saluer les risques pris à tenter la bataille de l’intérieur, conscients que l’urgence est là et que la fenêtre d’opportunité se referme rapidement. En effet, entrer dans un exécutif, c’est accepter de monter au front. Les cinq dernières années, les parlementaires et ministres ont tenu la tranchée et ont été à l’offensive. Car le bilan est là : des milliards dans les énergies renouvelables et le rail, des kilomètres de haies et de trams, de nouvelles réserves naturelles, l’entrée du consentement et du crime d’écocide dans le Code pénal, la loi #StopFéminicides, le développement de l’économie sociale, l’appel à projets « Act Against Racism« , la quasi-gratuité des transports en commun, la propulsion de nos centres urbains vers des villes du futur grâce à des plans mobilité qui partagent l’espace public et le rendent plus vert.
Après le 9 juin, Écolo veut se battre pour un plan d’investissements publics de plus de 15 milliards dans la transition et une meilleure imposition du capital, et c’est ce récit et cette incarnation qui nous permettront une opposition claire au retour de l’austérité.
Le droit international est l’unique boussole chez les verts, contrairement à l’anti-impérialisme à géométrie variable qui transparaît des positions du PTB.
De salutaires cohérences
Par ailleurs, je salue la capacité du parti vert à condamner les violations du droit international en Cisjordanie et sur la bande de Gaza, de la même façon qu’il condamne l’invasion russe en Ukraine, le bombardement des civils par Bachar-Al-Assad et la persécution des Ouïghours en Chine. Le droit international est l’unique boussole chez les verts, contrairement à l’anti-impérialisme à géométrie variable qui transparaît des positions du PTB.
J’ai certes trouvé intéressante la mise en avant du projet « éco-socialiste » par le Parti socialiste sous la présidence de Paul Magnette. Si la Vie Large, du nom de son ouvrage, donne envie sur papier – et encore, sans résoudre totalement la question du rapport au productivisme – elle peine à atteindre le réel, et la matrice du parti patine encore avec la mise à jour du logiciel. Le grand écart entre les belles paroles et la réalité du terrain est aussi flagrant que navrant. On peut par exemple la voir dans les récentes positions électoralistes contre la mobilité active à Bruxelles ou avec l’expansion de l’aéroport de Liège et la signature de contrats privés avec Alibaba, le géant du made in China, de l’exploitation des Ouïghours et du travail de plateforme.
Le gouvernement le plus progressiste se fera avec les écologistes
La coalition la plus progressiste possible devra contenir les écologistes. C’est mathématique.
Pour exister, De Wever aurait besoin des socialistes. Pour avoir accès au 16, Paul Magnette serait-il prêt à souffrir du syndrome de Stockholm, comme Charles Michel avant lui ?
Plusieurs fils se tissent entre les partis et nous voyons apparaître une toile d’araignée dans laquelle nous pourrions rapidement nous engluer. Une série d’indicateurs laisse entrevoir un scénario proche de celui de la Suédoise, dans lequel la NVA remonterait au pouvoir partout, avec le soutien de ses (anciens) alliés. Toutefois, pour exister, De Wever aurait besoin des socialistes. Pour avoir accès au 16, Paul Magnette serait-il prêt à souffrir du syndrome de Stockholm, comme Charles Michel avant lui ?
En faisant croire à un sauvetage de meubles face à un blocage total de la Belgique, nous devrions avaler un écœurant sucré salé, contenant un blême refinancement de la Sécu accompagné d’un éclatement des compétences, d’un maintien des voitures de société et le report de l’allongement de l’IVG à 18 semaines. L’urgence climatique? “Ce sera pour plus tard”, diront ceux qui, en parallèle, feront tout pour démanteler les objectifs européens.
Écolo, contrairement aux socialistes, ne montera pas au gouvernement avec la NVA. Pour empêcher le scénario ci-dessus, le vote écologiste est le seul à garantir un rapport de force suffisant à une convergence des gauches et une alternative à ces recettes d’un autre temps. Des coalitions de la gauche au centre sont encore possibles, pour autant qu’on les laisse exister. Voter écologiste c’est envisager une prochaine mandature sous le signe d’investissements sociaux et écologiques, porté, c’est notable aussi, par un grand nombre de femmes tête de liste. Voter écolo, c’est porter un projet d’avenir, d’égalité et d’émancipation, alors allons-y sans plus attendre.