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Un athéisme politique ?

En ce début de XXIe siècle qu’on aurait pensé être celui de leur déclin irréversible, les questions relatives aux religions n’auront jamais été aussi controversées. Au sein de la population, d’importantes minorités manifestent une religiosité accrue, reflet d’un monde où les identités religieuses, traditionnelles ou revisitées, principalement musulmanes ou chrétiennes, peuvent apparaître comme une forme de résistance symbolique à la domination impérialiste ou au matérialisme du marché. Et pourtant, les pratiques religieuses de la majorité de la population sont en régression constante dans les États européens où prédomine une sorte d’agnosticisme ou d’athéisme pratique dont personne ne parle hormis sur le plan statistique. Or, l’incroyance n’est pas forcément un vide. N’est-il pas possible d’envisager un athéisme assumé, voire un possible « athéisme politique » comme on a pu le faire, notamment dans cette revue, à l’égard de l’affirmation musulmane ? Dans ce focus, Politique interroge la place de l’athéisme dans la construction de notre paysage philosophique et politique. Caroline Sägesser rappelle son combat séculaire contre les superstitions et s’interroge sur le discrédit dont est encore frappée l’affirmation athée. Serge Deruette évoque la personnalité du curé Meslier, pour qui la négation de Dieu est la conséquence logique d’un engagement social égalitaire radical. Anne Morelli déplore que son université, l’ULB, renonce à l’affirmation fière d’un libre-examinisme conséquent. Puis, trois membres du collectif éditorial de la revue livrent leur « profession de foi » face à l’utilité d’un « athéisme politique » : Jean-Paul Gailly, Éric Buyssens et Henri Goldman. Enfin, ce focus s’achève par une interview de Zineb El Rhazoui, une athée marocaine. Pour garder à l‘esprit que, dans d’autres pays, la référence religieuse est manipulée directement par le pouvoir au mépris de la liberté de conscience. Dans cette circonstance, se proclamer athée peut être un acte de résistance à l’égard d’un ordre établi injuste.