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Ouvrons les yeux sur Vista !

Alors que son nouveau système d’exploitation est enfin sorti et que Microsoft déploie une gigantesque campagne de propagande pour le promouvoir, la plupart des observateurs ne peuvent que constater le peu d’intérêt qu’il présente pour les utilisateurs. Pire, les travers habituels des logiciels de la firme de Redmond sont bien présents dans Vista. Seul son pouvoir de marché permet encore à Microsoft de différer l’écroulement auquel son modèle de conception de logiciel la destine. La sortie de Vista pourrait cependant marquer pour elle un premier revers sérieux… pour autant qu’une prise de conscience intervienne parmi les utilisateurs et que quelques mesures élémentaires soient prises par les pouvoirs publics pour restaurer une réelle concurrence sur le marché des systèmes d’exploitation. Car Vista est d’abord un système intrusif. Le monde de l’informatique propriétaire (par opposition au logiciel libre), notamment dans le but de vérifier que vous n’êtes pas un dangereux pirate (figure qui s’assimile quasiment à celle du terroriste, attention), s’arroge aujourd’hui le droit de contrôler et de formater vos usages de l’informatique — vous privant de facto au passage de divers droits élémentaires tels que le droit à la copie privée — et met en place des systèmes de surveillance des utilisateurs, DRM Digital rights management, soit la gestion numérique des droits. Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Gestion_num%C3%A9rique_des_droits .. et autres, qui ne sont d’ailleurs pas sans conséquences sur l’ensemble des usagers de systèmes informatiques Lire Peter Gutmann, A Cost Analysis of Windows Vista Content Protection, http://www.cs.auckland.ac.nz/~pgut001/pubs/vista_cost.html … Vista est aussi un système gourmand. Pour «profiter pleinement» de ses possibilités, vous aurez besoin d’un ordinateur extrêmement récent et coûteux. Celui qui n’a pas les moyens de se le payer restera frustré dans son usage quotidien par les limitations de son matériel. Cette course effrénée à la puissance n’est pourtant nullement une fatalité et il est parfaitement possible de faire fonctionner un système informatique confortable avec les ressources d’un «petit» ordinateur, selon les normes actuelles, le recours à des machines plus puissantes ne se justifiant généralement que pour des usages spécifiques (montage vidéo, graphisme…). Vista est enfin un système mal sécurisé. À peine publié, six failles majeures y sont immédiatement découvertes tandis qu’un correctif majeur (service pack) est d’ores et déjà en préparation. Plus généralement, utiliser un ordinateur sous Windows, c’est aujourd’hui accepter de consacrer entre 10 et 20% de la puissance la machine à faire tourner un antivirus que l’architecture plus solide de systèmes comme Linux ou Mac OS X rend beaucoup moins nécessaire. Face à cette situation, il est notamment urgent d’interdire effectivement la «vente liée», c’est-à-dire d’obliger par la loi les vendeurs d’ordinateurs à donner au consommateur le choix du système qu’il souhaite utiliser, sans lui faire payer d’office, comme c’est souvent le cas aujourd’hui, une rente à Microsoft. Il faut aussi veiller à ce que les écoliers soient amenés à apprendre l’informatique sur d’autres systèmes que celui de M. Gates. Il faut encore légiférer sur l’usage des standards ouverts Lire http://www.aldil.org/projets/fiches_libres/fiche2-standards.pdf et http://fr.wikipedia.org/wiki/Standards_ouverts_et_logiciels_libres_en_Belgique .. de façon à permettre le partage des données et l’accès de tous aux sources d’information. Il faut enfin exiger des fabricants de composants et de périphériques informatiques qu’ils publient les spécifications de leur matériel et autorisent l’écriture de pilotes pour tous les systèmes d’exploitation. À l’heure où il est tellement essentiel de redresser l’économie wallonne, les logiciels libres constituent pourtant une réelle opportunité. Il y a là, dans le secteur de la formation notamment, mais aussi dans l’installation et la distribution des logiciels, dans le développement de logiciels adaptés aux besoins des utilisateurs locaux, un gisement d’emplois non négligeable dont on se demande pourquoi il est tellement peu exploité.