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Mères porteuses, thème porteur

Vous avez aimé les engueulades sur la prostitution, les insultes et les chaises qui volent, les amies qui ne s’adressent plus la parole… ? Vous allez adorer la prochaine pomme de discorde : la GPA ! – C’est quoi ? Un nouveau groupe terroriste ? – GPA, gestation pour autrui, c’est le joli nom innocent pour rendre plus acceptables ce qu’on appelle plus communément les mères porteuses. Gestation, ça fait plus neutre, moins émotionnel que « mère », et « pour autrui » suggère un bel altruisme… Et comme la demande existe, la réflexion est en route, notamment dans les mouvements gays et chez les écolos V oir un débat entre Marie-Pierre Martinet, du Planning familial, et Malika Amaouche, de la Commission LGBT des Verts français (www.regards.fr). Par ailleurs, les libéraux ont déjà tenté de déposer un projet de loi « Un vide législatif, des histoires tristes et navrantes », La Libre Belgique, 8 avril 2011… – En plus, en période d’austérité, quoi de plus porteur qu’un bon débat « de société » pour paraître ouvert, moderne, tout en organisant la régression sociale ! – Mais quand une réalité existe, la loi peut-elle la nier ? Rappelez-vous l’histoire du petit Samuel Idem , né en Ukraine d’une mère porteuse et que son père (pourtant biologique) a mis deux ans pour pouvoir faire venir en Belgique, parce qu’il n’avait pas d’existence légale… Peut-on faire payer à des enfants une absence de législation ? – Peut-on faire payer à des femmes pauvres le désir de quelques hommes riches ? Un clic sur Google et tu tombes immédiatement sur de véritables entreprises qui proposent, en toute discrétion… et toute illégalité, des « paquets » de services plus ou moins complexes, selon les moyens des demandeurs. Et les candidates, le plus souvent, viennent de pays comme l’Ukraine, ou l’Inde, ou d’Afrique, ou les milieux défavorisés des États-Unis… Simple altruisme, ou grande misère… ? – Justement, puisque cela existe de toute façon, ne vaut-il pas mieux légiférer, sortir de l’hypocrisie, encadrer un phénomène qui se développe de toute façon, ne serait-ce que pour éviter les dérives de la marchandisation ? Et d’ailleurs, si ça peut aider une femme à payer des études, ouvrir un petit commerce, pourquoi pas ? Une opération win-win, en quelque sorte ! – Eh bien, vous savez quoi ? Si des hommes ont tellement envie d’avoir des enfants, qu’ils fassent donc des recherches sur le corps masculin. Qu’on leur greffe des ovaires et un utérus, qu’on les bourre d’hormones, qu’ils accouchent dans la douleur… On peut commencer par les rats ou les chimpanzés, mais que pour une fois, on triture plutôt des corps mâles ! – Non, impossible, on aurait toutes les organisations de défense animale sur le dos. Et ceux-là, croyez-moi, arrivent à se faire entendre bien mieux que des féministes… – Bah, de toute façon, dans 50 ans, 100 au plus, on disposera de l’utérus artificiel H. Atlan, L’utérus artificiel, Seuil, 2005. La cinéaste Marie Mandy y a aussi consacré un film, Utérus artificiel, le ventre de personne, diffusé sur Arte (Factory Productions, disposible en DVD). Il suffira de choisir les ingrédients, bien mélanger et hop ! Neuf mois après, le produit est prêt à être livré. – Bon, je crois que je préfère encore les mères porteuses…