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Joe Kennedy, le sauveur annoncé

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24 MARS 2018 : Joe Kennedy participe à la « March for our lives », mouvement lancé par des lycéens survivant de la tuerie de Parkland. Son destin se confirme…

[Texte de la chronique américaine de Jerôme Jamin piblié dans le n°104 de POLITIQUE, juin 2018.]

Si les mêmes causes produisent les mêmes effets, les mêmes erreurs génèrent les mêmes drames électoraux.

C’était en juillet 2015, au moment où presque tous les candidats pour les primaires démocrates et républicaines étaient connus. Dans de nombreux médias, on signale que, dans le camp démocrate, c’est Hillary Clinton qui est en tête au niveau des possibilités de financement de la campagne (donations et fonds privés), au niveau du soutien de l’appareil (préférences dans la hiérarchie interne) et au niveau des sondages. Dans le camp républicain, c’est Jeb Bush qui est le favori. Ancien gouverneur de Floride, il est le frère de George Walker Bush (le Président de la guerre en Irak en 2003) et le fils de George Herbert Bush (ancien directeur de la CIA et successeur de Ronald Regean à la Maison-Blanche, 1988-1992). On évoque aussi avec humour l’homme d’affaires Donald Trump qui semble sortir du lot mais dont tout le monde rigole : ce n’est pas un candidat crédible, il va bientôt disparaître…

L’erreur qui est train de prendre corps et dont on connait aujourd’hui les conséquences n’est pas perçue comme telle en juillet 2015. Au moment où l’Amérique va mal[1.Le président Obama laisse derrière lui une Amérique qui va mal, notamment en matière d’emploi, d’économie et surtout au niveau des tensions ethniques et raciales. Le camp de Guantanamo aura par ailleurs survécu aux deux mandats du président charismatique.], les élites du pays proposent de continuer avec les « dynasties ». Journalistes, chroniqueurs, éditorialistes, commentateurs politiques, stars d’Hollywood, intellectuels et autres faiseurs d’opinion, tous étaient unanimes, 16 mois avant les élections de novembre 2016 : les jeux étaient faits, on allait avoir un duel Bush/Clinton, les élites du pays sont rassurées, on reste entre visages familiers.

La dynastie Bush commence à faire parler d’elle en 1988 avec George Herbert Bush à la Maison-Blanche. Entre l’intronisation du Président à l’époque et 2015, on compte 27 ans de présence politique et médiatique pour la famille Bush. La dynastie Clinton se fait connaître en 1978 lorsque Bill Clinton devient une première fois gouverneur de l’Arkansas. Entre cette date et 2015, on compte 37 ans de présence politique et médiatique pour la famille Clinton.

27 ans et 37 ans pour ces deux dynasties : il est impossible de comprendre l’élection de Donald Trump et sa politique actuelle si on ne tient pas compte de cette réalité. Les gens ne supportent pas, ne supportent plus qu’on leur dise à l’avance qui va gagner.

Dans ce contexte, l’arrivée de Joseph Patrick Kennedy III pour sortir la tête des démocrates de l’eau et battre les républicains aux midterms de novembre 2018 avant de terrasser Donald Trump en novembre 2020 fait froid dans le dos. Surnommé Joe, né le 4 octobre 1980, homme politique américain membre du parti démocrate, représentant du Massachusetts depuis 2013, il fait partie de la dynastie Kennedy…