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Inscriptions scolaires : beaucoup de bruit…

La saga de l’année 2007 sur le terrain de l’école ? Le dossier «inscriptions» au début du secondaire et la volonté du gouvernement de la Communauté française de légiférer en la matière. Les réactions ont été très vives et contrastées. Pour rappel, le décret du 28 mars 2007, les arrêtés et circulaires d’application s’inscrivent dans la logique du «Contrat pour l’école» de promouvoir la «mixité sociale» et de lutter contre les écoles ghettos. Certains médias ont largement fait écho aux positions souvent extrêmes de ceux qui s’insurgent quasi systématiquement contre les initiatives de la Ministre-Présidente et, en matière d’inscriptions, défendent le statu quo. Autrement dit, le non respect de la loi (décret Missions) et les refus d’inscriptions du «tout venant» dans quelques écoles huppées. Les partisans du nouveau décret, de leur côté, ont parfois prétendu qu’il s’agissait d’une mesure décisive dans le combat pour plus d’hétérogénéité et contre les écarts inacceptables entre les écoles (voir les enquêtes Pisa). Ces prises de position, trop souvent sans nuances, ont en tout cas confirmé l’extrême difficulté de transformer, même à la marge, un système scolaire producteur de profondes inégalités. Le décret «inscriptions» veut contribuer à ces changements indispensables. C’est une évidence. Mais ses modalités d’application et les nombreuses dérogations apportées à sa version initiale ont donné tant de grains à moudre à toutes les oppositions qu’on est en droit de se demander s’il n’y a pas, au moins, erreur dans la méthode. En effet, même des chefs d’établissement, déjà bien engagés pour plus de mixité sociale, se plaignent amèrement d’un surcroît de tâches administratives (encore!) qui les détourne d’autres priorités (lutte contre l’échec, remédiation efficace…). Fallait-il se mettre tant de monde à dos pour un si piètre résultat (vu la multitude des dérogations possibles)? Mais, plus globalement, qui peut croire que le fait de contraindre une école de Woluwé, par exemple, à inscrire quelques élèves de Molenbeek va contribuer à l’émancipation sociale et à la réussite de ces jeunes ? Des incitants positifs et un débat élargi sur les dégâts sociétaux des ghettos ne serait-il pas plus productifs ? Aussi longtemps que les discriminations seront tolérées sur les terrains du logement, de la santé, de l’emploi, de la mobilité… peut-on imaginer que le système scolaire va changer la donne ? Certes il faut agir au niveau des écoles. Mais ne vaudrait-il pas mieux concentrer tous les moyens et toutes les énergies en faveur des écoles et des quartiers défavorisés ? En pratiquant une politique de «discriminations positives» beaucoup plus significative. Et, dans le même temps et en synergie, il est impératif de développer des politiques d’emploi, de logement, de santé, d’éducation permanente… qui traduisent une volonté politique d’en finir avec ces zones de relégation. À force de multiplier des débats tronqués autour du Contrat pour l’école, on risque de rater les vraies urgences : la situation intolérable des élèves et des personnels des écoles ghettos en quartiers défavorisés. On se disperse, on se divise (même entre progressistes) et on ne parvient pas à mettre à la Une le débat majeur : quel contrat socio-éducatif Socio-éducatif parce que l’école n’est pas une île et qu’elle doit redevenir l’affaire de tous!.. pour tous et pour demain ? Ce débat-là devrait être porté par tous les médias et associer tous les citoyens et toutes les organisations soucieuses d’un développement durable et juste de notre société.