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Energie/climat : la Belgique doit oeuvrer à sa succession

Au 1er juillet 2010, la Belgique prendra la tête de la présidence tournante de l’Union européenne. Les ministres belges en affaires courantes n’auront pas d’autre choix que de préparer le travail de la Hongrie et de la Pologne qui lui succéderont à la tête de l’Union.

Une mécanique européenne bien huilée, une représentation belge au sein de l’UE prête à traiter les dossiers et des orientations politiques, pour le dernier semestre 2010, déjà fixées depuis «belle lurette» permettront à notre «gouvernement», présent ou futur, d’aller au bout de son mandat de présidence. Mais comment ? Il est effectivement difficile de se faire respecter par ses collègues des 26 autres États membres, lorsque l’on appartient à un gouvernement démissionnaire. Puisque nous (belges) n’avons pas le choix, nous devrons, à la fois faire confiance à nos partenaires européens et, à la fois, essayer de fixer les règles du jeu pour les présidences futures de l’Union, en particulier les peu progressistes que sont la Hongrie et la Pologne qui auront la destinée de l’Europe entre leurs mains en 2011.

«Climat» de confiance ?

Pour réussir l’après-Copenhague, tous les stratèges climatiques arrivent à la même conclusion : il faut rétablir la confiance! En particulier, celle entre l’Union européenne et les pays émergents et pays non industrialisés. Pour celà, l’UE doit tout d’abord débourser intégralement et rapidement sa part du financement Sur un montant de 10 milliards de dollars par an, l’UE s’est engagée à payer 2,4 milliards d’euros par an entre 2010 et 2012 dans un fond climat pour les pays en développement précoce («fast-track») promis aux pays non industrialisés pour combattre les changements climatiques pendant la période 2010-2012. Mais fort est de constater l’hypocrisie de cette promesse car l’essentiel de cette somme est, pour le moment, comptée au titre d’Aide publique au Développement, un simple recyclage des lignes budgétaires déjà existantes! D’autre part, pour regagner cette fameuse «confiance», l’Europe doit prouver par l’exemple que des objectifs climatiques en phase avec les recommandations des scientifiques sont possibles. Selon Starvos Dimas, ancien commissaire de l’Environnement, le passage d’un objectif communautaire de 20% à 30% de réduction des gaz à effet de serre d’ici 2020 ne coûterait, du fait aussi de la crise économico-financière, que de l’ordre de 21 à 22 euros par citoyen de l’Union. Pourtant, nos chefs d’État et de gouvernement rechignent toujours à faire de ces 30% un objectif contraignant Pour avoir une chance d’atteindre le fameux 2°C au dessus des températures pré-industrielles, il faudrait toutefois que les pays industrialisés réduisent, par rapport à 1990, leurs émissions de gaz à effet de serre de 40% et de 95% d’ici 2020 et 2050 respectivement. Comme dans ces deux cas – financement précoce additionnel et 30% de réduction des émissions –, la position de la Belgique est loin d’être claire, une présidence plus «neutre » (car démissionnaire) ne peut être néfaste à une stratégie basée sur la confiance!

Sauvons l’énergie!

Pour arriver à «sauver» le climat. Il faut économiser l’énergie et arriver à une économie 100% basée sur les énergies renouvelables d’ici 2050 au plus tard. L’European Climate Fundation, la fondation dont on parle le plus dans les milieux «climatiques» à Bruxelles, a démontré qu’il était techniquement et économiquement faisable de disposer de la totalité de notre électricité d’origine renouvelable d’ici 2050. Erec, l’association européenne des producteurs des énergies renouvelables, va plus loin en montrant que tout le secteur énergétique européen peut être 100% renouvelable à l’horizon 2050. Greenpeace viendra d’ici peu avec les mêmes conclusions. Alors, s’il est vrai qu’au cours de la présidence belge de l’Union, il y aura peu à se mettre sous la dent en terme de législation dans le domaine de l’énergie, il n’empêche que tous ces grands débats seront initiés au cours de cette présidence et ce en vue d’élaborer et de modifier les lois dès 2011. Le rôle de notre gouvernement en affaires courantes sera donc de s’assurer de placer les jalons nécessaires pour que les futures présidences hongroises et polonaises traitent en priorité les questions d’économie d’énergie et d’énergies renouvelables.