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Mariage homo et divorce CPAS

— «En ces beaux jours de printemps, voici le retour des hirondelles, des terrasses de café bruissantes de rires dans la douceur du soir, et tout aussi classiques désormais, des défilés colorés des Marches des Fiertés, mieux connues sous le nom de Lesbian and Gay Pride. N’oublions pas, à cette occasion, les 80 pays où l’homosexualité est encore considérée comme un délit, ni les cinq pays où elle est passible de la peine de mort… — … ni ceux où les défilés sont accueillis à coups de pierre ou violemment dispersés par la police, comme cette année encore à Moscou… Une pensée pour elles et eux, tandis que nous faisons la fête dans notre beau pays où nous pouvons nous marier, adopter des enfants, quel que soit le sexe de notre partenaire… — Alors là, je vous arrête ! Non, dans notre beau pays, nous ne pouvons pas toutes et tous décider librement de vivre ensemble, de construire un projet de couple, d’avoir des enfants ! Ici, ce qui empêche beaucoup de fonder une famille, ce n’est pas l’orientation sexuelle, mais la désorientation sociale. Pensez donc à ce «mini-scandale» (vite éventé) à Schaerbeek, où le CPAS était accusé de favoriser de fausses séparations pour que les bénéficiaires du revenu d’intégration puissent prétendre à une allocation d’isolé, à savoir un peu plus de 700 euros par mois ! Fortune rabotée d’environ 200 euros en cas de cohabitation. — Ce qui n’empêche pas seulement de se marier ou de fonder une famille, mais tout simplement de partager un logement, d’être hébergé chez un parent ou un ami, bref cela interdit toute solidarité ! On vit avec un tout petit revenu, on essaie d’économiser, de partager des frais, dans l’espoir de sortir la tête hors de l’eau : et pan sur le crâne, on vous enfonce de nouveau ! Silence les pauvres ! Et quand il y a des petites tricheries, on nous présente cette «fraude sociale» avec des airs indignés, comme si l’on pouvait mettre cette débrouille sur le même pied que la fraude fiscale ! Les pauvres, les pauvres… mais ce n’est plus du tout dans le coup ! À moins de montrer des enfants, aucune chance d’émouvoir ! Même les vieux pauvres sont en perte de popularité. En Flandre, la ministre Kathleen Van Brempt mène la liste européenne du SP.A avec une affiche montrant un enfant et ce slogan : «J’aurais voulu être une vache». Ceci pour dénoncer une Union européenne qui trouve de l’argent pour ses agriculteurs, mais tolère qu’un enfant sur cinq vive en dessous du seuil de pauvreté. Mais d’où il sort, cet enfant ? D’une famille pauvre, de parents pauvres, et plus probablement encore, d’une mère pauvre qui élève seule son ou ses enfants. Car parmi les pauvres figure un grand nombre de ces fameuses «familles monoparentales», un terme neutre qui cache mal qu’elles sont composées, à plus de 80%, de femmes et d’enfants ; et que ces femmes cumulent tous les désavantages liés à leur sexe, des salaires plus bas, des contrats plus précaires, le manque de structures d’accueil des enfants, la difficulté à se loger, les pensions alimentaires trop souvent impayées… Mais la pauvreté des femmes, ce n’est pas vraiment «sexy». Alors sauvons au moins les enfants…