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Jacques Zwick

Disparu à l’âge de 80 ans, Jacques Zwick était un petit monsieur discret et souriant. Ce socialiste non alimentaire n’avait fait que passer dans le sérail politique, en tant que chef de cabinet d’Irène Petry, éphémère ministre de la Coopération. Mais il ne laisse que des amis dans les multiples milieux qu’il a traversés et qui s’étaient diversifiés depuis qu’il était devenu un retraité actif au terme d’une longue carrière comme secrétaire général de la Ligue des Familles (1955-1988). Il avait présidé le CNCD-11.11.11, le Centre bruxellois d’action interculturelle et patronné de multiples initiatives dans les domaines de l’enfance et du théâtre. Qu’on me permette trois souvenirs. Années 80. Jeune gauchiste prétentieux, j’écoute médusé sa dénonciation de l’extrême droite dans un rassemblement sur la place Anneessens à Bruxelles : j’avais rarement entendu un propos aussi convaincant sur le sujet, prononcé avec des mots simples et justes, à rebours de tout radicalisme verbeux. Années 90. Il lance avec Thérèse Mangot la commission interculture de Présence et action culturelle (PAC) et m’invite à y participer alors qu’il me sait très critique à l’égard du PS, précisément pour des raisons qui relevaient de l’objet de cette commission. (À cette époque, le PS s’opposait au droit de vote des étrangers.) Cela n’avait aucune importance pour Jacques. La gauche selon son cœur ne s’arrêtait pas aux frontières de son parti. Années 2000. Je le vis pour la dernière fois il y a un an après la crémation d’Albert Faust dont l’appartenance à la franc-maçonnerie s’était manifestée au grand jour à cette occasion. Au grand étonnement de Jacques qui, bien qu’athée, ne comprenait pas qu’on puisse privilégier une proximité philosophique avec, éventuellement, des gens de droite alors que lui se disait avant tout partisan du rassemblement des progressistes avec les chrétiens de gauche, ce dont toute sa vie avait témoigné. Ce petit monsieur était bien un grand bonhomme.